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Rue des Beaux-Arts n ° 75- Avril-Mai-Juin 2021
Dorian Gray dont l ’ âme s ’ est transmutée sur le tableau , ces trois personnages subissent leur sort sans le remettre en cause . Lord Arthur ne doute pas , ne se révolte pas , ne hausse pas les épaules en qualifiant le chiromancien de charlatan . Il accepte sa prédiction comme une vérité , tout comme Dorian Gray accepte l ’ altération du tableau et le fantôme son châtiment éternel .
Aucun d ’ entre eux ne se pense victime d ’ un canular , d ’ une hallucination , ou d ’ un trouble mental .
Aucun esprit rationaliste ne les anime , et , même si Dorian Gray s ’ interroge brièvement sur les possibles explications scientifiques de la transformation du tableau , tous les personnages de ces histoires finissent par accepter ces manifestations comme un état de fait .
« Si le portrait devait changer , il changerait . C ’ était ainsi . Pourquoi investiguer plus avant ? »
Cette acceptation , si elle est naturellement un prétexte narratif qui sert le développement des histoires , repose surtout sur la croyance en une puissance supérieure agissante contre laquelle il est inutile de lutter et avec laquelle les personnages vont devoir composer . Dieu , l ’ Univers , les Esprits , les Anges …. quel que soit le nom ou la qualité donnée à cette puissance , elle est essentielle dans l ’ œuvre de Wilde , et de ces textes en particulier .
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