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Rue des Beaux-Arts n° 73 – Octobre/Novembre/Décembre 2020 confirmation demandée que le 23 mars 1907, longtemps après qu’Astruc eut obtenu les droits d’exécuter Salome. À cette époque, les derniers préparatifs étaient déjà en cours pour la première de la Salomé française à la Monnaie. Selon la musicologue Clair Rowden, Strauss était également mécontent d’une clause sur les paiements aux librettistes, dans ce cas aux héritiers de Wilde. C’étaient des paiements qui, selon Strauss, lui appartenaient à juste titre. 1 La traduction française par Joseph de Marliave Le rejet par Strauss de la traduction française de Joseph de Marliave, musicologue et critique français, découlait en partie de sa décision d’écrire sa traduction sous forme de vers. Le style prose de la pièce de Wilde était une des caractéristiques qui a attiré Strauss à elle en premier lieu. Pour Strauss, Marliave utilisait un langage beaucoup plus formel que Wilde. En plus, il avait supprimé certaines images symbolistes de la pièce. Dans l’édition de Marliave, les retraductions très libres du texte de Lachmann en français ont été arrangées pour correspondre à la ligne vocale originale de la partition de la version allemande. Les artistes internationaux n’avaient donc qu’à apprendre le texte français et non toute la partie vocale. Enfin en 1909, Strauss accepta officiellement la traduction française versifiée de Salomé par Marliave. Elle fut également publiée sous forme de réduction pour piano par Fürstner. Strauss supprima sa propre version française. Après tant d’efforts, il a abandonné sa Salomé. Probablement Strauss s’est rendu compte qu’elle n’avait pas d’avenir pratique. Exiger des chanteurs qu’ils apprennent leurs 1 Clair Rowden, “Salome and Modern Opera: A Parisian Perspective,” in: Richard Strauss-Jahrbuch, ed. Gü nter Brosche et Jü rgen May, Tutzing, Hans Schneider, 2011, p. 164. 69