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Rue des Beaux-Arts n° 73 – Octobre/Novembre/Décembre 2020 Le seul exemple que j'aie trouvé chez Conan Doyle est une exclamation de Sherlock Holmes se référant au baron Adalbert Gruner, un esthète significatif, qui collectionne de la porcelaine rare. En 1881, dans The Body Snatcher (Le voleur de cadavres) de Stevenson, Fettes crie «par le Seigneur Harry! Mais tu feras de moi un homme». Dans les deux cas, nous voyons une imbrication des concepts utilisés par Kipling, et son lien avec Lord Henry Wotton, qui a fait une sorte d'homme de Dorian Gray. La description de Torpenhow de la toile comme «vipérine» intègre également l'image dans un autre réseau de référents. Le portrait de Sarah Bernhardt par Bastien-Lepage a été qualifié de "venimeux". Comme exemple d'art imitant l'art, quelque chose de cela semble avoir été saisi par le cousin de Kipling, Philip Burne-Jones, dans sa peinture de Mme Patrick Campbell, "The Vampire" (1897), 1 dont Kipling s’inspira pour écrire son célèbre poème. 1 Philip Burne-Jones était le fils d’Edward Burne-Jones. « The Vampire » est son oeuvre la plus connue, mais le tableau, exposé à Londres en 1897, a mystérieusement disparu. Le peintre avait eu une relation avec son modèle, Béatrice Stella Tanner, connue à la scène comme Mme Patick Campbell. Le tableau inspira Rudyard Kipling, cousin de Phulip Burne-Jones, pour l’écriture de son célèbre poème « The Vampire ». Les deux oeuvres inspirèrent à leur tour un auteur américain, Porter Emerson Brown, qui, en 1909, créa une pièce de théâtre, « A fool there was », laquelle devait être adapté six ans plus tard au cinéma. Le rôle principal y était tenu par Theda Bara, qui allait plus tard interpréter à l’écran la Salomé d’Oscar Wilde. 58