Rue des Beaux-Arts n° 73 – Octobre/Novembre/Décembre 2020
Le Lippincott's Monthly Magazine, qui avait publié Dorian Gray en
juin 1890, publia pour la première fois La Lumière en janvier 1891 –
un livre que les biographes de Kipling furent très enclins à tourner
en dérision (non sans quelque raison) quoi qu’il ait remporté un
grand succès en son temps. Dorian Gray fut immédiatement attaqué
et ne fut pas jugé à sa juste valeur jusqu’à ce que les biographes de
Wilde en viennent à l’évaluer. La lumière parut sous forme de livre,
dans une version radicalement différente, en mars1891. Elle fut
rééditée en avril, et à nouveau en juillet et décembre ; et aussi en
1892, 1895, 1896, 1897, 1898, 1899, 1900; puis sans arrêt après.
Dorian Gray parut sous forme de livre en avril 1891 (également dans
une version modifiée), fut réimprimé en octobre 1895, mais pas par
la suite en Angleterre du vivant de Wilde. Ross l'a omis de la
première série de treize volumes de l'édition collectée de 1908. Son
rôle dans l'établissement de la réputation générale de Wilde jusqu'à
une époque récente est donc étonnamment resteint - De Profundis
avait atteint sa trente et unième impression en 1915, et en 1917,
John Lane seul avait trois éditions différentes de Salomé et deux du
Sphinx en version imprimée. La critique de La lumière qui s’éteint par
Lionel Johnson, offre un aperçu intéressant. Elle semble aller à
l’encontre de Wilde et de sa vision de Kipling :
Quoi qu'il en soit de M. Kipling, la première vérité à son
propos est qu'il a du pouvoir : il ne s’agit pas d’un tour de
passe-passe, ni d’une heureuse habileté, ni d’un style
tape-à-l'oeil, mais d’un véritable pouvoir intrinsèque. Le
lecteur de livres contemporains, rendu fou par des
affections distrayantes, par la mesquinerie méprisable de
tant d'œuvres modernes, sent que son cœur entier se
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