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Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020 électronique, le minimalisme et le folk, avec la voix extraordinaire de Fohr au centre. Ce film muet culte est une œuvre en noir et blanc à la fois sensuelle et violente. Fohr a créé une bande-son mystérieuse. Loin du cliché de la femme fatale, la musicienne Haley Fohr voyait en cette œuvre une ode à la femme moderne, au féminisme, à l’émancipation. Le film peut sembler kitsch à un public moderne, en particulier par le jeu stéréotypé des acteurs de films muets mélodramatiques, mais Fohr réinvente le film. Elle trouve une résonance contemporaine dans la sensualité et la violence de Salomé, marquant le film avec une technique vocale étendue et des fréquences de battement pour le transformer en un miroir de notre temps. Dans l'histoire de Salomé, d'une jeune femme dont la beauté est le catalyseur de l'effusion de sang, Fohr crée une méditation non verbale de l'ère # MeToo sur la féminité, le désir et le pouvoir. Haley Fohr : ‘C’est l'histoire d'une femme qui aspire à être entendue, mais qui se voit refuser le chemin de la vérité. Quand je vois le désir de Salomé pour Jean-Baptiste, je vois le désir d’une femme d’être entendue, non désirée. La fin de ce film me laisse avec une profonde tristesse.’ Les temps ont changé et la partition de Fohr apporte un contexte moderne à la représentation du féminin dans l’œuvre. L’actualisation moderne et féministe fait table rase du stéréotype de la femme fatale. 87