Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020
médiocres ; il a vu des choses prodigieuses par des trous de
serrure, et fait de ses décors de véritables oeuvres d’art. 1
L'insistance de Wilde sur la vulgarité rebondit lui, quand on se
rappelle sa maxime selon laquelle toute vulgarité est un crime ; et
il est surprenant de constater que Carrington considérait ce
passage comme une critique habile et subtile. Le réalisme n'était
pas le point fort d'Oscar Wilde. On pouvait difficilement attendre
de lui qu'il admire un homme qui allait "droit au commun et au
caractéristique". Mais ses observations sont révélatrices. Qu'un
lecteur aime ou non le style de Kipling, l'affirmation selon laquelle
les premiers récits de Kipling étaient "dépourvus de style" sonne
étrangement jusqu'à ce qu'on se souvienne que par "style", Wilde
entendait "préciosité". Paradoxalement, tant le réalisme que son
écriture esthétique, étaient considérés comme décadents. Kipling
et Wilde avaient leurs détracteurs. Lord Lytton, qui admirait
Dorian Gray, a fait une comparaison intéressante entre Kipling et
les nouvelles d'Olive Schreiner.
Je les ai lues juste après une histoire de R.Kipling (que j’avais
trouvée désagréablement exaspérante) intitulée « Baladia
Herodsfoot », dont on m’avait dit beaucoup de bien ; et quoique je
reconnaisse pleinement l’habileté remarquable de tout ce que j’ai
lu des écrits de Kipling, je ne peux m’empêcher de penser que
j’aurais infiniment préféré avoir écrit la moindre de ces petites
fictions de Miss Schreiner plutôt que toutes ses productions mise
ensemble. 2
1
2
Roger Lancelyn Green, ed., Kipling: The Critical Heritage, Barnes & Noble, 1971, p. 104
Personal and Literary Letters of Robert First Earl of Lytton, Longmans, 1906, Vol.II p.386.
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