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Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020 ling like a buck in spring, and he looked like a lance in rest) 1 peuvent difficilement prétendre avoir atteint l’acmé de la diction poétique, même dans la démotique de Kipling. Wilde était-il méprisant ? Le fait qu’il ait considéré ces lignes comme des métaphores alors qu’il s’agit de comparaisons suggère une approche plutôt cavalière. Le pragmatisme anglais s’est toujours méfié des idées; et les hommes des années 1890 n’ont pas fait exception. Même Kipling, qui regardait l’indifférence anglaise aux arts comme un impératif moral et un anti-intellectualisme élevé au rang de code des lois, a écrit des Anglais que l’insuffisance de leurs estimations était parfois trop marquée. Comment cela affecte-t-il les considérations françaises de Kipling, et comment cela place-t-il Kipling dans la cohorte de ceux qui ont franchi la Manche: Swinburne, Stevenson, Wilde, George Moore, Edmund Gosse, John Payne, Whistler et Henry James? Nous trouvons Kipling, Wilde et même Lord Alfred Douglas apparaissant dans les pages de La Revue Blanche, ce "porte-parole d'une intelligentsia à la pointe, même légèrement snob,", mais autant que je sache, l'engagement de Kipling avec Paris a été peu traité par ses biographes anglais. André Maurois nous apprend qu’entre 1900 et 1920 Kipling a séduit la génération montante en France comme peu d’écrivains français ont su le faire. 2 Cependant, contrairement à Wilde, Kipling n’a jamais aspiré à être reconnu comme un homme de lettres français. Ses auteurs français favoris étaient Rabelais et Maupassant, et il admirait Pierre Loti. De nouveau, on se demande pourquoi les biographes anglais de Kipling en ont fait si peu de cas. À un moment donné, Wilde a rejeté le symbolisme, mais ses tentatives de réalisme 1 2 Ibid, p. 25 André Maurois, Points of View, from Kipling to Graham Greene, Frederick Muller 1969, p.3. 81