Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020
dans son métier en devenant un célèbre chirurgien des yeux et
des oreilles, peut-être le meilleur du Royaume-Uni, en tout cas,
un des plus grands, qui allait se tailler une renommée
internationale, au point de recevoir de la reine Victoria le titre de
chevalier en janvier 1864. C’est donc grâce aux talents de son
père, à son art de thérapeute, aux recherches qu’il mena à
travers toute l’Europe pour établir une liste des cas de cécité et
de surdité, liste qui servira aux premières statistiques jamais
établies en Irlande, qu’Oscar Wilde doit l’aisance de sa famille,
sa position enviée dans la bonne société de Dublin. Sa mère,
Speranza, bien sûr, avec sa fière audace, sa culture et son
intelligence aiguë, avec son anticonformisme et son excentricité
flamboyante, ne se contente pas du deuxième plan normalement
conféré par son statut d’épouse du grand homme, et ses fameux
salons où se mêlaient dans un désordre bohême toutes les
sommités de l’art et de la médecine, n’ont pas moins contribué à
la renommée des Wilde. Mais financièrement parlant, c’est
William Wilde qui a assis la situation de la famille, c’est lui qui,
par un titre dû à ses seuls mérites professionnels, leur a octroyé
ses lettres de noblesse.
Pour Sir William, la médecine n’est pas seulement un métier qui
lui a permis d’accéder aux couches supérieures de la société
dublinoise, c’est une vocation, presque un sacerdoce auquel il
consacra la plus grande partie de sa vie. L’homme est ambitieux,
mais non pas guidé par le seul appât du gain et de la notoriété.
Il est un humaniste qui, en guise d’honoraires, recueille de
vieilles légendes irlandaises auprès de ses patients les plus
pauvres, et fonde en 1844 le Saint Mark’s Hospital de Dublin.
Personnage remarquable donc, dont on fait souvent trop peu de
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