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Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020 literature we require distinction, charm, beauty and imaginative power. We don't want to be harrowed and disgusted with an account of the doings of the lower orders. 1 De l'autre côté, à l'opposé du naturalisme, le symbolisme, auquel Wilde rend hommage dans la Préface de The Picture of Dorian Gray (« All art is at once surface and symbol »), se nourrit de nostalgies mélancoliques en célébrant le culte ésotérique de l'art. Pour le symbolisme, comme pour Wilde, la beauté est une valeur absolue, distincte du vrai et du bien. Mais surtout, les symbolistes mettent en évidence la crise de l'idée de représentation : les signes prennent la place de ce qu'ils désignent, et l'expérience (de la perception, par exemple) s'efface derrière les moyens de l'analyser et, à l'autre pôle, derrière son idéalisation. La représentation annule partiellement les référents et consacre l'autonomie des signes : les mots, la poésie, le langage ne renvoient plus qu'à eux-mêmes, parfois à la source d'un sens immanent, parfois aussi, et à l'opposé, à leur autofétichisation par le biais de la seule esthétique. Dans ce cas, peut-on se demander, que montre ou que donne à voir la littérature si ce n'est elle-même vue à travers son propre prisme ? La réponse de Wilde lui est propre. Plein de défiance à l'endroit de l'ésotérisme vers lequel, lui semblait-il, tendait le symbolisme, il était au moins sûr d'une chose : l'art n'est pas un miroir ; de 1 « The Decay of Lying », Complete Works of Oscar Wilde, London, Harper Collins, 1994, pp. 1074-5. 25