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Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020 cher [...] Tu ferais mieux de parler d’un gros coup de froid [...] – Jack : « Alors, c’est très bien. Mon pauvre frère Constant est brutalement emporté à Paris par un gros coup de froid ». Au milieu de la sarabande effrénée de sa plus fameuse pièce, Wilde ne cesse de jouer au passage avec la notion de mort et de maladie. Mais l’ombre n’est jamais lourde. Parce que le malheur n’a pas sa place ici et que, dans cette ébouriffante comédie, rien ne peut être sérieux. Comme Molière l’avait fait dans certaines de ses pièces en transformant ses malades en bouffons, il jongle avec les maux et avec les mots, réfutant le tragique qui s’attache à ces sujets graves. Et c’est peut-être pour conjurer le sort, pour rire au nez de la mort, qu’il adoptera lui-même cette attitude jusqu’à la fin, en ne perdant jamais son humour, en repoussant l’inéluctable avec, pour seule arme, la grâce agile de ses bons mots. Danielle Guérin-Rose 11