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Rue des Beaux-Arts n ° 80- Juillet – Août – Septembre 2022
parfaite réplique de son passé , sauf le visage , à peine moins marqué que celui du prisonnier . L ’ emprisonnement à volé à Wilde ce qui lui restait de jeunesse , son double en porte la préfiguration .
Mais là n ’ est pas le plus important . Dans ce monologue , l ’ incarnation du jeune Wilde représente son identité , à la fois profonde et construite , qui le retient de sombrer et lui sert de guide à travers les décombres de sa vie . Son apparence passée est la plus éloignée possible de sa déchéance présente . Leur confrontation est du pur Wilde dans le texte : citations de théâtre , de lettres , paradoxes et extraits du De Profundis ou de Dorian Gray . Le patchwork est parfaitement cohérent , quant aux rajouts de l ’ auteur , ils se fondent dans l ’ ensemble sans fausse note .
De cet échange , le prisonnier tire la force de se regarder en face et de mettre en perspective sa souffrance et les moments de sa vie qui le hantent encore et encore . Violent , cynique , déconcertant de fragilité et d ’ une égale dureté , Oscar Wilde apparait très loin de son image d ’ Epinal , très loin des autres représentations cinématographiques ou
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