Rue des Beaux-Arts n°69 – Octobre/Novembre/Décembre 2019
La musique et le “musicien des mots”
Les nombreuses références aux compositeurs, aux interprètes, aux
instruments et aux concerts offrent un aperçu de la familiarité de
Wilde avec la musique et de la culture musicale contemporaine à la fin
de l’ère victorienne. En plus des exemples démontrant son
appréciation des performances musicales, Wilde fait référence à
l’histoire de la musique. Dans The English Renaissance of Art, il
affirme de manière audacieuse mais convaincante que les progrès de la
musique moderne sont entièrement dus à l’invention de nouveaux
instruments. Mr. Symonds’ History of the Renaissance témoigne de sa
connaissance de l’histoire de l’opéra. Il souligne un certain nombre
d’inexactitudes. On ne s’attend pas à de telles corrections de la part
d’une personne possédant une connaissance limitée de l’histoire de la
musique.
Parfois, Wilde peut sembler un peu prétentieux quand il s’agit de
musique, comme s’il voulait mettre en valeur ses connaissances en
disant simplement quelque chose sur la musique. Il prononce des
jugements musicaux, peut-être dans la conviction que les gens le
verraient comme quelqu’un possédant un bagage musical. Les
nombreuses références à la musique et les réflexions sur la musique
semblent superficielles à certains, mais on ne peut pas rejeter
l’utilisation fréquente de termes et d’éléments musicaux comme
ouvrant une boîte à malices. Une attitude condescendante à l’égard
des défauts de Wilde en tant que théoricien de la musique est hors de
question: sa connaissance de la musique et son appréciation de la
forme artistique ne peuvent être négligées. La musique est le plus
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