Rue des Beaux-Arts n°69 – Octobre/Novembre/Décembre 2019
grande estime pour la musique car elle réalise le plus complètement
l’idéal artistique: “[F]or music is the art in which form and matter are
always one, the art whose subject cannot be separated from the
method of its expression, the art which most completely realises the
artistic ideal, and is the condition to which all the other arts are
constantly aspiring.” 1 Cette citation semble être un passage favori de
Wilde, car il la répète dans “L’Envoi” 2 et dans De Profundis (CW 1024).
The Critic as Artist examine la théorie de l’art et la critique littéraire.
L’essai contient des déclarations importantes sur la créativité. Wilde
donne à la musique un rôle privilégié dans son esthétique de l’art pour
l’art. Partant de son grand idéal – la culture grecque antique – il exige
pour la littérature un certain style de composition musicale qui prend
pour point de départ le rythme et la voix (CW 1115). La musique est la
forme d’art la plus parfaite (CW 1129). La beauté de la musique est
impressionnante, mais elle peut être détruite par quelque excès
d’intention intellectuelle de la part de l’artiste. Lorsque l’œuvre est
terminée, elle possède une vie indépendante et peut emettre un
message tout autre que celui qui fut mis
sur ses lèvres (CW 1127).
Wilde illustre son propos avec l’ouverture de Tannhäuser (cf. supra). La
musique ne peut jamais révéler son secret le plus profond; elle est
beaucoup trop indéfinissable (CW 1109). Gilbert exprime l’idée que la
musique est l’un des rares arts exempt d’imitation, car ouvert à
interprétation. “What a blessing it is that there is one art left to us that
is not imitative!” (CW 154), estime Henry lorsqu'il demande à Dorian de
jouer Chopin.
1 Oscar Wilde, “The English Renaissance of Art”, in: Essays and Lectures by Oscar Wilde, London,
Methuen and Co. Ltd., 1913, pp. 109-155, p. 136.
2 Oscar Wilde, “L’Envoi”, in: Miscellanies, London, Methuen and Co., 1908, pp. 30-41, p. 30.
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