Rue des Beaux-Arts n°69 – Octobre/Novembre/Décembre 2019
précédent volume (« Du côté de chez Swann »), mais c’est à
partir de cet opus que le personnage se développe et prend
toute son épaisseur, au point de devenir un des caractères
principaux de « La Recherche » avant de se dévoiler
complètement dans le quatrième volume, « Sodome et
Gomorrhe ».
Un des jeux prisés des lecteurs et des exègètes de « La
Recherche », est d’identifier les clefs des personnages
peuplant l’oeuvre proustienne (même si Proust niait qu’il y en
eut). Il est ainsi généralement admis que le modèle principal
de Swann aurait été Charles Haas, homme du monde
« merveilleux d’intuition, de finesse et d’intelligence », selon
Boni de Castellane. La belle duchesse Oriane de Guermantes
aurait trouvé son inspiration essentiellement chez la
comtesse Greffulhe, et la comtesse de Chevigné. Robert de
Saint-Loup puise certains de ses traits chez Bertrand de
Fénélon et le marquis d’Alfuberan, amis de l’auteur. Mais de
quel tissu est donc cousu le plus complexe et le plus
fascinant personnage de « La Recherche », Palamède de
Guermantes, frère cadet du duc de Guermantes, qui pourrait
s’honorer du titre de Prince de Laumes, mais ne porte que
celui de baron de Charlus avec une feinte simplicité bouffie
d’orgueil ?
On a évoqué le baron Jacques Doasan, et un personnage fictif
qui fascinait Proust : Vautrin, alias le prêtre Carlos Herrera
dans « Les Illusions Perdues » et « Splendeur et Misères des
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