Rue des Beaux-Arts n°69 – Octobre/Novembre/Décembre 2019
Des sons exotiques et des sons curatifs
À partir de 1885, les éléments musicaux changent subtilement. La
musique commence à perdre de sa pureté. The Harlot’s House (1885)
reflète ce changement. La musique n’est plus un état de grâce, réalisé
par l’amour et le bonheur mais représente la tentation, la luxure, le
danger et même la mort. Dans ce poème Wilde utilise les images
musicales comme mesure de l’intégrité sexuelle et morale. Des images
telles que “the thread of dancing feet”, “strange mechanical
grotesques”, “ghostly dancers”, “loud musicians” et “the tune went
false” (CW 867) dominent l’atmosphère. Les ombres fantomatiques
dansent dans le bordel sur cette “tune”, une référence à "Treues Liebes
Herz" de Strauss. Cependant, il s’agit d’une composition fictive. Le
changement de signification suit de très près la vie et le développement
littéraire d’Oscar Wilde.
En 1886, Wilde se lie avec Robert Ross. C’est la découverte en lui d’une
sexualité différente. La musique change: elle est plus stimulante, plus
exotique. Elle peut séduire et confondre. La musique n’est plus belle,
mais inquiétante. On joue sur des instruments étranges, tels que dans
The Picture of Dorian Gray et The Birthday of the Infanta. Parmi les
invités pour animer la fête de l’anniversaire de l’infante, un groupe de
musiciens étranges attire l’attention: “A troop of handsome Egyptians –
as the gipsies were termed in those days” (CW 227). Dans The
Fisherman and His Soul, la nuit, les sauvages battent leurs tambours.
La musique fait appel aux besoins primitifs de l’homme et aux
passions supprimées. Dorian Gray donne d’étranges concerts avec des
musiciens autochtones. Il s’intéresse à la musique exotique sous
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