qui est négociable et ce qui ne l ’ est pas : « Dès que l ’ enfant atteint l ’ âge de trois ou quatre ans , il est important que les parents essaient d ’ établir cela le plus clairement possible , d ’ abord dans leur tête , ensuite dans leur couple , et enfin avec leur enfant . Il y a certaines règles , consignes , routines pour lesquelles c ’ est l ’ adulte qui décide , et sur lesquelles l ’ enfant n ’ a pas son mot à dire . »
Ces balises fixées en amont comportent aussi l ’ avantage de créer des espaces où l ’ enfant se sent plus libre d ’ exprimer son désir : choix du souper du vendredi , de l ’ activité du dimanche matin …
Se protéger soi-même
Bien sûr , ces principes élèvent encore , chez le parent , les exigences de cohérence , mais ils offrent aussi à l ’ enfant un modèle supplémentaire pour apprendre à écouter . Car l ’ enfant aussi devra maîtriser l ’ art d ’ écouter ses pairs et de comprendre leur réalité sans pour autant se réduire au silence , subir leur agression ou leur obéir . L ’ approche maintenant mise de l ’ avant se distingue donc diamétralement de celle que Rollande Deslandes observait , il y a quelques décennies , même dans des cas d ’ intimidation : « On disait à l ’ enfant “ Ignore-les . Ils ne sont pas gentils .” C ’ était , en partie , ce que les parents émettaient comme commentaire . »
Ces différentes formes d ’ intimidation laissent des traces pouvant aller jusqu ’ aux effets post-traumatiques sur les personnes directement visées , mais Rollande Deslandes assure qu ’ ils peuvent aussi affecter ceux qui n ’ ont pas osé réagir devant une injustice : « Il y a des jeunes qui vont s ’ en vouloir pendant une partie de leur vie , qui seront obligés de régler ce cumul plus tard . Ils éprouveront de la frustration , voire de la honte : “ Pourquoi ne suis-je pas intervenu ? J ’ aurais dû faire quelque chose !” »
Jean-Pascal Lemelin affirme ici que les jeunes qui ont appris à développer leur affirmation de soi parviendront mieux à établir des stratégies à la hauteur de leurs moyens devant des situations qu ’ ils subissent ou dont ils sont témoins et qu ’ ils jugent inéquitables . Il reconnaît cependant à la maîtrise d ’ une affirmation de soi bien dosée des bénéfices qui vont bien au-delà des contextes défensifs : « Les enfants , et même les adultes qui s ’ affirment de façon appropriée ont de meilleures relations avec les autres , une plus grande confiance en soi et moins de problèmes de nature psychologique . Ils sont moins anxieux , moins insécures . »
Échapper à l ’ influence
Pour illustrer à l ’ intention des parents ce qui peut attendre un enfant trop sage , en mal d ’ affirmation , Nancy Doyon évoque souvent l ’ image de Pinocchio , cette marionnette qui reste docile jusqu ’ au jour où une vilaine fée , que la coach et auteure surnomme « adolescence », vienne couper ses fils . Celui qui n ’ a pas appris à réfléchir par lui-même se retrouve alors à la merci des pairs susceptibles de l ’ influencer .
L ’ aptitude à prendre ses distances nécessite aussi une confiance en soi suffisante pour tolérer , intérieurement , l ’ inconfort associé à une situation de divergence , explique George Tarabulsy : « C ’ est le garçon qui dit “ Non , même si c ’ est très inconfortable pour moi , je vais aller défendre mon ami . Il se passe présentement quelque chose de fondamentalement incorrect .” »
Jean-Pascal Lemelin ajoute que , s ’ il a bien développé son assurance , même un enfant de nature introvertie , qui ne sera pas forcément le premier à monter aux barricades contre les injustices , parviendra au moins à se dissocier des idées ou des groupes qui ne correspondent pas à ses valeurs profondes .
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