décide de tout . J ’ attends d ’ abord que la petite voisine soit partie , puis je reflète à mon enfant que j ’ ai remarqué l ’ attitude dominante de sa compagne de jeu et le fait que pour sa part il ne semble pas s ’ affirmer beaucoup . Ce faisant , j ’“ allume la lumière ”, je l ’ invite à s ’ observer . Ensuite , si je constate que l ’ enfant demeure dans le déni et qu ’ il préfère ne pas voir la situation plutôt que de devoir s ’ affirmer , je pourrais lui donner de petits défis . Par exemple : “ La prochaine fois que viendra la petite voisine , je voudrais que tu lui proposes un jeu .” »
Jean-Pascal Lemelin , de son côté , se montre adepte d ’ une désensibilisation attentive et graduelle avec ces enfants moins affirmés . Il propose de l ’ amorcer dans la famille , voire en dyade , puis en petits groupes , par des invitations à se positionner sur des sujets plus objectifs ou qui lui tiennent moins à cœur , avant d ’ en arriver à des questions de goût ou à des opinions qui le révèlent un peu plus : « Il va prendre confiance et intégrer l ’ idée que ses opinions ont de la valeur , qu ’ elles méritent d ’ être entendues , que tenter d ’ exprimer son état interne en disant “ J ’ aime ceci ” ou “ Je n ’ aime pas cela ”, c ’ est légitime ; et aussi que ce sera bien reçu , que ce sera entendu , et que l ’ on va s ’ ajuster en conséquence . »
D ’ abord , tracer la voie
L ’ enfant développe donc son affirmation de soi à partir des expériences où il a été sereinement entendu . Mais , à l ’ avis de tous les chercheurs , les attitudes que l ’ enfant observe chez ses adultes de référence jouent aussi un rôle significatif dans le choix des attitudes qu ’ il adoptera , de même que la cohérence des consignes qu ’ on lui donne .
Parmi les premiers comportements à éviter , Jean-Pascal Lemelin mentionne celui de se désorganiser ou d ’ abuser de son pouvoir pour se faire entendre : « Si j ’ invite mon enfant à exprimer correctement son opinion ou ses besoins et que , quand c ’ est mon tour de m ’ exprimer , je ne le fais pas , ou que je le fais de façon totalement inappropriée , par exemple en gesticulant ou en criant , l ’ enfant remarquera cette incohérence et absorbera moins ce que j ’ essaie de lui transmettre . »
À l ’ inverse , toujours courber l ’ échine ne contribue pas non plus à offrir un modèle cohérent d ’ affirmation de soi . Sur ce point , les experts se montrent plus nuancés , parce qu ’ ils reconnaissent que les combats pour lesquels il vaut la peine de se battre varient d ’ une famille à l ’ autre et font partie de l ’ apprentissage des valeurs .
Le droit de déranger
En principe donc , chacun souhaite l ’ affirmation de soi pour son enfant . Mais lorsque l ’ enfant dit la mauvaise chose au mauvais moment ou de la mauvaise façon , les principes deviennent plus difficiles à tenir . L ’ invitation à s ’ affirmer se trouve alors contredite par les incitations au silence , parfois non verbales , que l ’ on transmet sans toujours s ’ en rendre compte .
Trop sage pour s ’ affirmer
Si certaines familles sont plus enclines aux débats , d ’ autres valorisent avant tout la paix sociale et le statu quo . Les questions , voire les remises en question d ’ un enfant qui tente de forger son propre raisonnement y suscitent donc parfois un malaise plus difficilement tolérable . Parmi les facteurs qui mènent ainsi à tourner court aux réactions imprévues des enfants , les experts pointent du doigt le manque de temps .
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