Montréal pour Enfants vol. 24 n°3 / Été 2024 | Page 16

Éva Grenier-Lespérance rencontre cependant des enfants qui , même une fois la belle liste bien dressée , ont encore besoin de petits encouragements , avant que ne se développe un engouement plus autonome ou une mobilisation suffisante pour poursuivre ses activités : « Est-ce que , s ’ il le fait , on peut lui accorder des points et , après un certain nombre de points , on va prendre une crème glacée , ensemble en famille ? Il y a ce genre de choses qui peuvent être possibles . »
S ’ entraider entre parents
Cette psychoéducatrice remarque que les enfants ont également parfois besoin de se sentir accompagnés pour aller chez un copain , ce qui permet de s ’ accorder quelques heures de liberté : « Si , admettons , mon enfant arrive chez Jules , qui ne m ’ a jamais parlé , Jules ne voudra peut-être pas venir chez moi . Mais si nous discutons , que je parle à la maman , que l ’ on s ’ entend , que l ’ on se partage nos numéros , cela va aussi rendre la chose une peu moins stressante pour l ’ enfant . Il va y avoir un échange possible , à ce momentlà . »
Ces échanges contribuent aussi à rendre la situation pérenne , dans la mesure où les parents qui se connaissent peuvent établir des règles qui leur conviennent , sans que l ’ un ou l ’ autre se sente envahi par ce voisinage . Ève Pouliot a en outre eu vent de partages plus structurés entre collègues : « Il y avait donc une rotation , ce qui faisait en sorte que chacun avait des journées où il n ’ y avait pas d ’ enfants auprès de lui , ce qui leur permettait d ’ être plus productifs . Mais il est certain que , même pour cela , l ’ employeur , quelque part , doit se montrer ouvert à une certaine flexibilité . » Offrir à un enfant plus vieux , mais pas encore assez pour travailler , d ’ assurer une évidente supervision peut aussi faciliter cette collaboration .
Négocier avec son patron
Les mesures et les ententes qui contribuent à un meilleur équilibre durant la période des vacances varient en fonction de la situation de chacun . Pour certains , une simple réduction d ’ heures peut faire toute la différence . Le recours possible à une banque d ’ heures cumulées ou à une politique basée sur des objectifs , plutôt qu ’ une présence de 40 heures , rend parfois ces options plus envisageables aux employés .
Si l ’ employeur ne propose pas lui-même de telles idées , Corinne Vachon Croteau suggère de préparer une offre . Elle soutient même qu ’ une telle demande , pour la durée limitée des vacances , permettrait à l ’ employeur d ’ expérimenter des ententes qu ’ il n ’ osait pas , d ’ emblée , offrir sur une base permanente . Sa voix se joint d ’ ailleurs à celles des autres expertes rencontrées pour souligner l ’ excellente posture des employés en ce moment , à plus forte raison s ’ ils se concertent . Les gestionnaires sentent donc la pression sur leurs épaules , tant comme employeurs que comme bons citoyens corporatifs .
D ’ après les derniers sondages du Réseau Québec famille , 62 % des Québécois ayant une personne à charge changeraient d ’ emploi pour obtenir de meilleures mesures de conciliation travail-famille et 30 % approuveraient même une diminution de salaire pour y parvenir . Les employeurs comprennent donc tout l ’ avantage qu ’ ils ont , soutient Éva Grenier-Lespérance , à contribuer dès aujourd ’ hui , et même à distance , aux sourires des travailleurs de demain et de leurs parents : « Quelqu ’ un qui se sent accepté , compris , qui a du temps pour lui , pour ses loisirs , mais aussi pour faire un travail qu ’ il apprécie , devient plus heureux dans son travail , ainsi que dans la vie en général : donc il a plus de chance de vivre des moments de qualité en famille . »
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