Montréal pour Enfants vol. 24 n°3 / Été 2024 | Page 10

Des sites comme Pausetonécran . com apportent toutefois davantage de réponses aux parents qui s ’ inquiètent pour la consommation virtuelle des enfants , tandis que celui de VIVALA suggère aux parents des pistes d ’ action , s ’ ils veulent gérer leur propre difficulté à résister à l ’ hyperconnectivité .
Des frontières en voie d ’ extinction
Les parents ont , en effet , tout intérêt à veiller à leur propre tendance à devenir accrocs aux écrans ou au travail , car bien que l ’ image du patron qui assomme son commis d ’ une pile de documents un vendredi à 16 h 45 ne s ’ applique plus ici , elle peut prendre des formes plus insidieuses .
Selon l ’ étude Besoin des familles en conciliation famille-travail postcrise COVID-19 , publié en 2020 par le Réseau pour un Québec Famille , moins de la moitié ( 48 %) des adultes québécois démontraient un quelconque intérêt pour une politique de déconnexion en milieu de travail . Il est vrai qu ’ une gestion flexible ou à distance ne s ’ applique pas à tous les types d ’ emploi . Pourtant , selon la directrice de cet organisme , la flexibilité qu ’ offre le télétravail , si chère à certains employés , peut apporter son lot de conséquences : « Il y a parfois un allongement des heures de travail , parce que le temps que nous gagnons en déplacements , nous le reprenons en soirée . »
Le prolongement des heures en Amérique du Nord est d ’ ailleurs souligné par Diane-Gabrielle Tremblay . Il touche particulièrement les cadres et les professionnels , pour qui le salaire et les responsabilités élevés ne permettent pas toujours de dire non aussi facilement . Il s ’ agit , en partie , d ’ une question de statut , mais aussi de personnalité , puisque certains préfèrent avoir la fierté et le soulagement de terminer une tâche avant de poser la tête sur l ’ oreiller .
Pour ce genre de personnalité , l ’ obligation de déconnecter pourrait constituer une entrave considérable . Madame Tremblay admet toutefois que l ’ identité et la façon dont le travail amène à la définir sont de plus en plus étroitement reliées : « Les sociologues ont parlé de cette identité qui se construit beaucoup à partir de la profession , surtout dans les postes de professionnels ou de cadres . Donc , effectivement , nous n ’ aurons pas d ’ hésitation et même nous n ’ y pensons pas avant de prolonger la journée d ’ une heure , de commencer plus tôt ou de travailler 12 heures par jour , ou la fin de semaine , par exemple . »
Ève Pouliot mentionne également que la nouvelle réalité virtuelle qui permet d ’ esquiver en tout temps l ’ obstacle de la distance , peut aussi amener , sans trop que l ’ on s ’ en rende compte , une accélération et donc une intensification de la tâche : « On a tendance à accumuler les Zoom dans une journée , à une vitesse une peu folle . » Et cela ajoute , par conséquent , plus de rencontres à préparer .
Ces défis , qui exigent de plus en plus de concentration , doivent souvent être relevés dans les espaces partagés , même à la maison , étant donné la tendance , depuis quelques décennies , à faire tomber les cloisons ou à créer des aires ouvertes . Dans de telles circonstances ( si l ’ employeur ou le mandat n ’ oblige pas une pièce sous clé ), les pièces fermées doivent se partager , explique Ève Pouliot , selon le niveau de concentration ou d ’ intimité présumée des parents pour leurs tâches , à chaque moment de la journée : « Et cela implique nécessairement d ’ avoir une planification familiale ou un calendrier où nous savons un peu ce que tout le monde va faire dans la journée et quels sont les besoins de chacun . On peut le négocier à l ’ avance . »
Les gestions du temps et de l ’ espace deviennent alors intimement liées pour ceux qui partagent des espaces ou , encore , qui risquent de voir la petite
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