Des pas de souris non négligeables
Émilie Girard soutient toutefois qu ’ il n ’ est pas toujours nécessaire d ’ attendre le prochain drame pour ouvrir les horizons . Lors d ’ ateliers qu ’ elle donne en classe , elle explique d ’ ailleurs aux enfants qu ’ un seul signe ou comportement peut être associé à plusieurs émotions , afin de les aider à assouplir un peu leurs convictions : « C ’ est comme pleurer : on peut pleurer de joie , parce qu ’ on est en colère , parce qu ’ on est triste , parce qu ’ on a peur . Pleurer , ce n ’ est pas un signe suffisant pour reconnaître l ’ émotion de l ’ autre . Alors , j ’ amène les enfants à le comprendre . »
Pour explorer diverses possibilités sans confrontation , Olivier Didier suggère , pour sa part , aux parents de passer par le jeu , à partir des interrogations et des initiatives qui guident l ’ enfant , à ce moment-là : « Dans le jeu , on peut se placer dans la peau de personnages divers . Cela demande donc une certaine flexibilité . On s ’ identifie à un personnage et on peut jouer plusieurs rôles . »
Vincent Bégin , lui , quand il le peut , amène les jeunes à échanger , à froid , sur leur perception d ’ un incident qui les a opposés . Une initiative susceptible de flammèche , mais qui en vaut la chandelle , parce qu ’ il faut parfois quelques essais et erreurs avant que l ’ empathie transite à un autre stade de compréhension : « C ’ est d ’ autant plus important que , généralement , ce sont des choses qui peuvent se répéter dans le temps . On va donc peut-être le revoir quelques semaines plus tard , et on pourra lui rappeler les événements et voir ensemble si c ’ est la même mésinterprétation qui s ’ est répétée . »
Un petit coup de pouce pour la sensibilisation
Émilie Girard a aussi parfois vu des enfants se placer dans des positions inconfortables en intervenant dans des conflits qui ne les regardaient pas , à partir de ce qui les aurait mis en colère eux-mêmes ou , du moins , d ’ une compréhension partielle de la situation . L ’ effet de groupe ou l ’ insensibilisation créée par les situations répétées joue toutefois parfois si bien son rôle que le jeune semble ne plus ressentir les conséquences des actes qui semblent inacceptables aux yeux des parents , dans un cas d ’ intimidation , par exemple .
La psychologue mentionne que ce choix peut parfois s ’ expliquer par la crainte des conséquences d ’ une réaction plus altruiste , notamment sur le plan de l ’ approbation sociale . N ’ en vient pas pour autant à suggérer aux parents d ’ endurer cet état de fait sans réagir : « L ’ enfant peut chercher des actions qui l ’ empêcheraient d ’ être rejeté socialement , par exemple aller voir la personne qui est intimidée et lui demander ce que l ’ on pourrait faire pour l ’ aider . Et l ’ empathie , fondamentalement , c ’ est ça : c ’ est de trouver le moyen d ’ aller aider l ’ autre , sans nécessairement que cela nous nuise ou nous envahisse . »
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