Quant à savoir si de s ’ en tenir à nos principes moraux et d ’ indiquer une ligne , la plus claire possible , entre l ’ acceptable ou non , risque d ’ éveiller un sentiment de culpabilité chez les enfants , les experts le confirment . Vincent Bégin souligne même que cela ferait partie d ’ un équilibre sain , pour autant que les enfants ne se sentent pas coupables de tout , tout le temps : « On veut que l ’ enfant s ’ affirme , soit capable de prendre sa place . Un enfant qui , même après avoir frappé et battu un de ses amis , ne se sent pas coupable du tout , là , c ’ est un signe qu ’ il y a quelque chose qui peut être inquiétant . »
Émilie Girard croit même que l ’ on peut trouver dans la culpabilité des façons d ’ aider un enfant à poser des gestes qui l ’ aideront à reprendre confiance en lui : « On va aller faire un geste de réparation et reprendre le contrôle de la situation là où l ’ on n ’ en avait pas . » Cela suppose que l ’ on trouve un geste réparateur à faire qui soit directement lié à l ’ offense : « C ’ est sûr que si on demande à la personne de faire le ménage de la classe parce qu ’ il a blessé un autre élève , ce n ’ est pas un geste de réparation conséquent avec l ’ événement . »
Une force parfois discrète
De plus , il serait plutôt irréaliste d ’ attendre d ’ un enfant qu ’ il se montre totalement empathique avant 7 ou 8 ans ou qu ’ il ait eu l ’ occasion d ’ observer et de comprendre qu ’ il existe d ’ autres comportements plus appropriés que son impulsion première , explique Émilie Girard : « Si l ’ enfant a toujours appris que l ’ on criait lorsque quelqu ’ un nous fait mal , il va crier . » Tous ces facteurs font que même les experts prennent mille précautions avant de conclure à un manque d ’ empathie , constaté le plus souvent chez des enfants très réactifs , impulsifs ou présentant d ’ autres comportements perturbateurs .
Leur détresse et leur anxiété nécessitent d ’ autant plus d ’ attention qu ’ elles se cachent trop souvent derrière une image d ’ assurance , pouvant même aller , dans certains cas , en grandissant , jusqu ’ à prendre la forme d ’ un tempérament narcissique . L ’ incapacité d ’ un enfant de s ’ autoréguler et de réfléchir à l ’ effet de ses actes sur les autres n ’ est pas forcément non plus associée à des traits extravertis . Elle est seulement plus visible et plus irritante chez des enfants très réactifs , qui exigent davantage de discipline .
Pourtant , on ne trouve pas toujours de lien direct entre les difficultés d ’ intégration et le manque d ’ empathie , du moins pas durant toute la vie . Chez d ’ autres enfants chez qui l ’ anxiété prime plus que l ’ impulsivité , la difficulté à s ’ ouvrir aux autres s ’ exprime davantage par la froideur ou le conformisme . La situation avantage cependant moins qu ’ il n ’ y paraît ces enfants qui passent souvent inaperçus et tardent à recevoir de l ’ aide , relate Émilie Girard : « Mais , à un moment donné , il y a un comportement qui ressort dans l ’ histoire de vie et on se rend compte que ça ne va pas du tout et que ça fait longtemps . Lorsque cet événement n ’ est pas encore arrivé , c ’ est difficile de le voir . Parce que , justement , ce sont des enfants qui se conforment , qui ont l ’ habitude de ne pas faire trop de bruit et de ne pas prendre trop de place . »
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