Isabelle Nizet fait remarquer qu ’ une telle démarche est beaucoup plus exigeante , puisque chacun doit comprendre ce qui se passe dans la tête de tous les autres avant d ’ ajouter sa pierre à l ’ édifice : « Les élèves , lorsqu ’ ils sont tout seuls , traitent seulement l ’ information qu ’ il y a dans leur propre cerveau . C ’ est donc plus simple . Mais dès qu ’ il y a plusieurs personnes qui interagissent en même temps , comme dans le travail d ’ équipe , on doit traiter l ’ information qui est dans notre cerveau et celle que nous recevons des autres . » Cet effort peut mener à une compréhension plus vaste , mais la mobilisation et la souplesse qu ’ il requiert peuvent expliquer pourquoi les coéquipiers tentent de se simplifier la tâche en découpant plutôt le travail en tâches individuelles .
Piger dans les forces des autres camarades
Cet effort peut payer , et parfois assez rapidement , car les autres camarades arrivent avec leur lot de nouvelles idées , mais aussi leur compréhension des concepts abstraits vus en classe . Isabelle Nizet affirme d ’ ailleurs sans hésitation que certains savoirs sont mieux intégrés par un élève lorsqu ’ ils proviennent d ’ un autre élève que de la bouche d ’ un professeur que l ’ on craint de faire répéter : « Lorsqu ’ on demande aux élèves d ’ appliquer des choses , de faire des recherches , d ’ utiliser une notion dans un autre contexte , là , les élèves peuvent s ’ aider , parce que celui qui a compris va pouvoir expliquer avec ses mots , de façon beaucoup plus simple . »
Afin que chaque élève puisse bénéficier au maximum de la façon de penser des autres , Liliane Dionne suggère à ses futures éducatrices de former des groupes aux compétences hétérogènes . Il ne s ’ agit pas seulement de réunir celui qui a la bosse des mathématiques au passionné de géographie , mais plutôt des personnes avec des approches de travail différentes , comme les plus intuitifs et les plus méthodiques . Cette enseignante assure que , si on leur explique , les élèves finiront par comprendre les avantages de ces choix . Le jeune Victor s ’ est laissé convaincre des bienfaits de cette diversité . Il raconte avoir bénéficié de travailler avec une partenaire plus pointilleuse que lui sur les échéances : « Je dois l ’ admettre , je suis un peu désorganisé . J ’ ai fait un projet avec une élève qui était assez organisée . Quand cette personne dit qu ’ elle veut commencer à faire le travail , ça m ’ amène à penser que l ’ on doit le faire et on continue . »
Si chacun collabore …
Madame Dionne soutient que les enfants sont généralement enclins à découvrir les autres jeunes et à collaborer avec eux : « C ’ est ce que j ’ ai vu dans les salles de classe . La nature de l ’ enfant est d ’ aller vers les autres . Ils vont à la rencontre des autres pour explorer , pour se développer , pour mieux se connaître et connaître l ’ autre , pour avoir du plaisir . Donc , les enfants vont aussi être portés à aimer le travail d ’ équipe . »
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