Montréal pour Enfants vol. 23 n°1 / Relâche 2023 | Page 26

Un imaginaire partagé
D ’ ailleurs l ’ esprit de l ’ enfant , de l ’ adolescent ou même de l ’ adulte , ne se nourrit pas que des archétypes de son passé . Il a besoin de nouvelles sensations pour que jaillissent en lui quelques étincelles entre ses souvenirs et les éléments qu ’ il découvre et peut utiliser pour innover . En ce sens , Maria Riccardi , enseignante scolaire , psychothérapeute par les arts et professeure d ’ art-thérapie à l ’ UQAT , incite fortement les parents et les professeurs à privilégier tout ce qui peut favoriser l ’ éveil des sens des enfants , surtout après qu ’ ils ont été si cruellement privés de stimulations par de longs mois de confinement . « Il fallait revenir au jeu primaire , se laisser jouer , bouger et goûter aux sensations : la vue , l ’ odorat … donc , pour moi , la créativité , c ’ est comment l ’ enfant ou l ’ être humain qui se développe , dans un milieu scolaire ou familial , peut toucher à différentes parties de son cerveau , par lui-même , en tant qu ’ être humain . C ’ est cette facilité à entrevoir et à réagir à ce que je vois qui me rend créative . »
Un imaginaire partagé
Dès que l ’ enfant est en âge d ’ interagir plus aisément , il ne se gêne d ’ ailleurs pas pour provoquer les occasions de confronter son univers à celui des autres en jouant ou en rêvant avec eux . Cela permet de tenter d ’ arrimer des expériences , et même des habiletés , vers un but commun . Maria Riccardi explique que l ’ enfant , par le jeu ou divers moyens , sent les limites de ses perceptions ainsi que le besoin presque instinctif d ’ aller puiser dans l ’ esprit de différentes personnes quelques éléments de réponses , ou d ’ essayer de se glisser dans leur peau : « Lorsque j ’ étais petite , je jouais beaucoup au professeur ou à l ’ infirmier . Nous jouons des rôles parce que nous apprenons par modèles . »
Les enfants anticipent généralement ce processus distrayant qui met le temps ordinaire en suspens , pour une exploration ludique , comme un moment de plaisir . Mélissa Paquette remarque que les enfants , avec qui elle joue au cours de ses interventions , choisissent fréquemment d ’ inverser les rôles , afin d ’ observer les réactions possibles ou d ’ éviter les postures où ils se sentiraient vulnérables . Par-delà l ’ action immédiate , cette projection contribue aussi à un cheminement plus intérieur . En apprenant à intégrer les images des autres et en acceptant parfois de se mettre à leur place , Mélissa Paquette explique que les enfants se donnent les moyens de développer leur empathie : « Donc , si je joue beaucoup de jeux de rôle et que je joue à être un enfant , une maman , un papa , un policier , un professeur , ça veut dire que , dans ma tête , je me mets à la place de ces personnes . Alors , je développe une plus grande empathie , une plus grande capacité à exprimer mes émotions d ’ une façon qui est acceptable . »
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