Montréal pour Enfants vol. 22 n°6 / Hiver 2022 | Page 22

Pour June Marchand , ce bombardement que subissent Célia et d ’ autres enfants plus jeunes n ’ a rien de banal . D ’ une part , parce que ceux-ci n ’ ont pas encore les connaissances et l ’ esprit critique suffisants pour prendre du recul devant ce qu ’ ils écoutent . D ’ autre part , le développement du cerveau est aussi en cause ici : les ritournelles publicitaires , tout comme les comptines que l ’ on répétera peut-être un jour à nos enfants , laissent des traces beaucoup plus profondes lorsqu ’ elles sont vues ou entendues en jeune âge : « Parce que les publicités , ce n ’ est pas fait pour informer , mais pour faire vendre . C ’ est pour qu ’ une image de la marque soit imprimée dans notre cerveau . C ’ est pour que , lorsque j ’ arrive dans une épicerie ou un magasin , cette marque m ’ apparaisse à l ’ esprit et , puisqu ’ elle m ’ est devenue familière , je l ’ achète . Mais un enfant , c ’ est une éponge . Alors il va tout absorber et il ne pourra pas faire un jugement sur ce qu ’ il voit . Donc je crois qu ’ il faut l ’ épargner jusqu ’ à ce qu ’ il soit capable de discerner tout cela . »
Un peu de magie et le tour est joué
Mais les ingénieux marketeurs ont plus d ’ un tour dans leur sac pour capter l ’ attention . Ainsi , selon June Marchand , plusieurs sont vieux comme le monde et ils fonctionnent toujours : « Il y a aussi les belles couleurs , les chansons et les ritournelles : ce que l ’ on appelle les jingles . Sur les emballages , ce sont les couleurs roses pour les filles , évidemment , et les camions pour les garçons . On a beau essayer de les éduquer de façon neutre , ça marche encore . »
Les jeunes esprits seraient même influencés par l ’ empreinte publicitaire avant qu ’ ils ne parviennent à maîtriser le langage , selon Jihen Ben Arbia , du Département de marketing de l ’ UQAM . Il assure que les enfants retiennent les couleurs et les logos bien caractéristiques de certaines marques dès l ’ âge de six mois . Des études tendent en outre à vérifier que les fœtus porteraient déjà une vague oreille aux ritournelles . D ’ après cette enseignante , la capacité des enfants , dès 7 ou 8 ans , à suivre le fil d ’ une histoire et à en interpréter les éléments plus symboliques aurait aussi été amplement démontrée : « Donc , si une publicité utilise des images et des mascottes , ou qu ’ elle raconte une histoire , ils sont capables d ’ en percevoir les éléments . Ils savent que ça symbolise ceci ou cela . »
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