Montréal pour Enfants vol. 22 n°5 / Automne 2022 | Page 24

La psychoéducatrice annonce même que ces pauses devront parfois être répétées à quelques reprises avant d ’ en venir au rationnel . En effet , nier le bienfondé de la peur ne servirait pas à grandchose puisque l ’ enfant sent bel et bien battre son cœur dans sa poitrine , que les autres jugent ses raisons de s ’ inquiéter futiles ou non .
Cette patience vaut son pesant d ’ or , assure Suzie Chiasson-Renaud , surtout si elle aide l ’ enfant à choisir les moyens de se calmer auxquels il fera assez confiance pour les reprendre par la suite : « Peu importe la peur que tu auras , ce genre d ’ outils peut fonctionner . Et si le cœur bat seulement trop vite , l ’ enfant peut s ’ arrêter et se demander s ’ il a besoin d ’ aller courir , marcher , écouter de la musique ou méditer . Même si ce sont de nouvelles peurs , ça fonctionne toujours . »
Puiser dans des forces communes
Ces choix n ’ aident pas seulement à gérer l ’ anxiété . Ils aident aussi à identifier les éléments qui nuisent à l ’ enfant et les stratégies d ’ apprentissage déjà essayées que l ’ enfant souhaite reprendre et adapter , explique Louise Lafortune : « Demander à un enfant pourquoi il n ’ aime pas l ’ école , pour moi , ce n ’ est pas une bonne question . Il est préférable de partir de ce que l ’ on aime et de demander à un enfant ‟ Pourquoi tu aimes ça ?”, ‟ Quelles sont les stratégies que tu utilises lorsque tu fais … ?” du patin à roues alignées , de la planche à roulettes , ou n ’ importe quelle autre activité , ‟ Comment fais-tu pour te pratiquer ?”, ‟ Qu ’ est-ce qui te donne envie de pratiquer ?” On peut ensuite essayer de transférer ces idées-là en disant ‟ Maintenant , est-ce qu ’ on pourrait essayer cela pour l ’ école ?” C ’ est l ’ enfant qui apporte des solutions . »
Les enfants , soutenus par leurs parents , peuvent donc s ’ ouvrir à leur expérience , mais aussi , avec la capacité d ’ empathie qui se développe , à celle des autres . Ainsi , Tina Montreuil pense que le parent et l ’ entourage peuvent joindre quelques-unes de leurs expériences à la discussion . Par ces confidences , ils contribueraient à resserrer les liens , tout en montrant à l ’ enfant que se frotter à des difficultés relationnelles constitue une situation normale et surmontable , même pour les grands .
Maintenir le dialogue avant tout
Pour Isabelle Plante , maintenir les portes ouvertes entre les parents et les enfants et s ’ intéresser à ce que les enfants font sont les meilleurs moyens de les préserver de la détresse ou même du décrochage . Cette co-autrice d ’ un livre nommé Pleurs , crises et opposition chez les tout-petits … et si c ’ était l ’ anxiété est bien placée pour savoir que , lorsque l ’ anxiété et l ’ opposition s ’ entremêlent , chez les enfants grandissants , le silence s ’ impose parfois un peu plus que ne le voudraient les parents : « Ce que les chercheurs ont remarqué est que , très souvent , la communication n ’ existe tout simplement plus avec ces fameux élèves qui manifestent ce que l ’ on pourrait considérer comme une forme de refus scolaire et qui adoptent vraiment de graves comportements d ’ évitement ou d ’ opposition . »
Difficile , en effet , de rouvrir une porte qui s ’ est fermée . Louise Lafortune a toutefois , au fond de son sac à outils , quelques questions , pour manifester son intérêt au jeune , aptes à déjouer quelques très typiques « Bof … correct » de l ’ adolescence : « Lorsqu ’ une personne exprime davantage de réactions affectives face à l ’ école , il faut peut-être l ’ écouter et poser des questions . Et si une personne n ’ en exprime pas , c ’ est important aussi d ’ en discuter . On peut lui demander ‟ Qu ’ est-ce que tu penses de
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