Montréal pour Enfants vol. 22 n°2 / Printemps 2022 | Page 17

compassion des jeunes et des parents qui se sont butés aux limites des éducateurs et ont revendiqué un service de qualité . Toutefois , un peu comme plusieurs deviennent , paraît-il , un peu plus compréhensifs concernant les méthodes éducatives de leurs parents lorsqu ’ ils deviennent parents à leur tour , mes jugements sur les éducateurs se sont adoucis depuis que je dois moi-même éduquer des enfants .
J ’ avoue que les tentatives pour offrir le meilleur de soi à 10 ou 15 enfants , qui parfois réagissent par les larmes ou les « je ne t ’ aime plus », lorsqu ’ on tente de prendre soin d ’ eux , peuvent mettre les plus grandes amabilités à l ’ épreuve . Les enfants sont précieux et je sais combien il faut savoir se montrer à la hauteur du privilège de les côtoyer . Certains diront aussi qu ’ avant de vouloir aider les autres , il faut commencer par être bien avec soi . Voilà pourquoi , à la fin des journées où notre tendresse fut parfois plus hésitante , les rituels de reconnaissance comme les caresses de Guillaume et les « Did he have a good day ? » de son père contribuent tellement à nous remettre en paix avec nous-mêmes . Ces marques de confiance de la part d ’ un parent , par-delà les exigences de performance , éveillent notre envie de continuer .
Pour d ’ autres , l ’ écoute passe par des gestes encore plus simples : penser à la paire de mitaines demandée , prendre le temps de saluer ou d ’ échanger ce sourire si apaisant , au moment de quitter l ’ enfant . On fait de grands discours à propos de la négligence , et même de la violence dans les institutions , mais il me semble que la prévention bien pensée commence surtout dans ces gestes-là . Ce sont souvent ces instants de complicité , avec un jeune ou un parent , qui font pencher la balance entre le doux souvenir et le découragement . Ils nourrissent ainsi notre désir de persister à tenter de changer une part du monde à travers les enfants , pour y faire naître plus de sourires .