Montréal pour Enfants vol. 21 n°5 / Automne 2021 | Page 8

Prise de risque et danger

Avant d ’ aller plus loin , il est essentiel de distinguer la prise de risque du danger . Une prise de risque comporte , certes , un élément de danger ( p . ex ., l ’ enfant peut tomber , s ’ égratigner , vivre une douleur tolérable …), mais il est connu , vu et compris par l ’ enfant , que ce dernier est conscient que le risque existe . En outre , la proportion dangereuse du risque en question n ’ est pas préjudiciable à long terme ( pas de bras cassé , de brûlure ou de douleur insupportable en vue ), ou du moins , il est très peu probable qu ’ une telle conséquence survienne . Le danger , quant à lui , est non connu ou vu de l ’ enfant , donc il dépasse la compréhension de l ’ enfant . Par exemple , un jeune enfant n ’ est pas en mesure d ’ évaluer la gravité que peut représenter le fait de traverser une rue passante sans être accompagné . La situation est donc dangereuse , puisque l ’ enfant n ’ a pas une conscience réelle du danger .
Bref , il faut évaluer la nature du risque ( connu et compris ) pour distinguer s ’ il s ’ agit bien d ’ un risque ou d ’ un danger pour l ’ enfant . Il importe aussi d ’ analyser l ’ impact de la conséquence , et de prendre en considération qu ’ il est normal , parfois , de se faire mal . Il n ’ y a qu ’ à se rappeler sa jeunesse pour s ’ en convaincre . Après tout , qui ne s ’ est jamais blessé en jouant ou en faisant du sport ?

Protection et surprotection

Cette évaluation de la nature du risque permet en fait au parent de se placer dans une position de protection , et non de surprotection . Un parent surprotecteur souhaite épargner TOUT risque à son enfant , alors qu ’ un parent qui protège veillera à ce que l ’ environnement soit suffisamment sécuritaire pour que l ’ enfant fasse ses expériences sans craindre de graves conséquences .
Par exemple , un parent surprotecteur empêchera un enfant de grimper dans un module surélevé alors que le parent protecteur se positionnera pour rattraper l ’ enfant en cas de chute . Le parent protecteur a donc développé une tolérance au risque , lorsque ce dernier est connu et acceptable , alors que le parent surprotecteur ne présente aucune tolérance au même risque . En outre , ces deux types de parents se reconnaissent par leur attitude ; le premier baigne dans la confiance alors que l ’ autre se méfie de tout . Le parent protecteur observe et offre du soutien au besoin , alors que le parent surprotecteur tend à « faire à la place » de l ’ enfant ou à interdire . En somme , il ne tient qu ’ à vous d ’ ajuster vos comportements afin de laisser à votre enfant la liberté de faire ses expériences .
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