Montréal pour Enfants vol. 20 n°4 / La rentrée scolaire 2020 | Page 4

Et si le chaos était positif …

Le moins que l’ on puisse dire, c’ est que les derniers mois ont été chaotiques pour l’ ensemble de la société. Comme parents, vous avez sûrement été plus sollicités que jamais … Bien qu’ un semblant de retour à la vie normale s’ annonce, avec la rentrée scolaire, il n’ en demeure pas moins que, sur le plan familial, le chaos reste toujours potentiellement présent. En effet, les occasions de déstabiliser la routine sont nombreuses: un matin, c’ est votre petit qui refuse de s’ habiller ou de quitter ses jouets pour enfiler son manteau et aller à la garderie; à un autre moment, voilà qu’ il refuse de manger un repas qui lui plaisait pourtant jusqu’ à présent; un soir, sans crier gare, se brosser les dents devient un calvaire …
La liste d’ éléments pouvant rendre une journée chaotique est longue, et cela s’ avère épuisant, d’ autant plus après les mois que l’ on vient de vivre. Cela dit, le chaos peut nous mener à développer de nouvelles habitudes, à mieux prendre soin de nous.

Quelques-uns de mes meilleurs moments de lâcher-prise « post-chaotique » me font bien rire, avec le recul … L’ un de mes épisodes favoris est celui ou, inspirée de Miss Univers, et mue par un sentiment de fatigue sans équivoque, je m’ étais confectionné une banderole sur laquelle était inscrit: « EN VACANCES ». J’ avais expliqué à mes trois enfants, alors âgés de 4 à 9 ans, que leur mère était épuisée et qu’ elle prenait des vacances, au sein même de la maison. Ainsi, lorsqu’ elles me demandaient quelque chose, je pointais la banderole sans rien dire. Cette journée-là m’ avait permis de recharger un peu mes batteries, et mes enfants ont survécu 😏. Elles ont peut-être même aussi compris que quand l’ énergie n’ est plus là, il est préférable de se retirer et de faire une pause, pour mieux rebondir plutôt que de s’ effondrer. Chose certaine, elles ont appris à respecter mon besoin de repos, lorsque je le mentionne. Je n’ ai plus besoin de le faire de manière si drastique, mais simplement de l’ énoncer calmement.

Un autre de mes souvenirs de chaos mémorables est relié au rangement à la maison. Mes trois enfants possédaient de nombreux jouets, qui traînaient trop souvent à mon goût, dont plusieurs m’ apparaissaient peu utilisés, voire plus du tout. Malgré mes fréquentes invitations au rangement, la maison demeurait plutôt désordonnée. Une fois, je ne me souviens plus trop pourquoi, la goutte a fait déborder le vase: je n’ en pouvais plus de vivre dans une maison sens dessus dessous. J’ ai donc pris TOUS les jouets de mes enfants, pendant qu’ ils étaient à l’ école et au service de garde, et je les ai mis dans le centre du salon. À leur retour à la maison, je leur ai dit qu’ ils avaient trois jours pour les ranger comme il faut, et que tout ce qui serait encore sur le sol du salon dans trois jours serait donné à d’ autres enfants dans le besoin. Le fait de devoir les ranger a grandement aidé mes enfants à identifier les jouets auxquels ils tenaient vraiment, je vous le garantis! Les enfants ont aussi fait quelques échanges de jouets entre eux. Trois jours plus tard, tel que promis, je donnais les jouets qui étaient toujours sur le plancher. Quel bonheur! Mes enfants ont appris que, dans la vie, quantité n’ égale pas qualité, et qu’ il vaut mieux choisir avec soin ce dont on s’ entoure. La maison est restée plutôt en ordre depuis, je vous le jure!
Enfin, je sais, vous ne m’ avez rien demandé, mais je vous invite à suivre ce conseil d’ une mère qui a 17 années de parentalité à son compte: permettez-vous de bousculer un peu votre environnement, quitte à créer un chaos momentané. Celui-ci est parfois nécessaire au retour de l’ équilibre, et il n’ est pas si destructeur qu’ il peut le sembler, au contraire. Qu’ est-ce que vous avez à perdre en essayant?
Par Anik Routhier
Enseignante en Techniques d’ Éducation à l’ enfance
4 édito www. montrealpourenfants. com