Montréal pour Enfants vol. 20 n°4 / La rentrée scolaire 2020 | Page 24

Faire le tri des conseils (et des conseillers) AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES, IL EST DE PLUS EN PLUS COURANT DE VOIR LES DEUX CONJOINTS VOULOIR METTRE LA MAIN À LA PÂTE, ET LES GRANDS-PARENTS, PLUS EN FORME QUE JAMAIS, SE METTRE DE LA PAR- TIE. D’AUTRES RÉSEAUX PEUVENT AUSSI ACCOMPAGNER LA PARENTA- LITÉ. MAIS TOUS CES YEUX RIVÉS SUR SOI RENDENT-ILS PLUS FORT OU PLUS FRAGILE? LES INÉVITABLES CONSEILS Mélanie Bilodeau observe que ce soutien suscite beaucoup de réflexions sur ce qui est préférable pour l’enfant, mais aussi pour la paix du ménage dont l’enfant a tant besoin : « Les deux parents proviennent de cultures différentes. Ils ont des vécus distincts. Ils sont construits différemment. Alors, souvent, on se retrouve avec des pratiques parentales diverses qui reflètent des visions de la parentalité très variées. Essayer de mettre cela ensemble et de faire front commun est un défi pour beaucoup de familles. » Élargir son réseau peut alors contribuer à prendre un peu de recul. Naturellement, la chose n’est pas toujours simple, lorsque tous nos amis d’avant ne se reconnaissent plus dans notre vie. Toutefois, Mme Bilodeau, psychoéducatrice, insiste sur le fait que l’effort peut s’avérer fort salutaire. Elle ajoute même que de multiplier les réseaux offre plus de liberté, lorsqu’il s’agit de prendre ses distances face à un groupe qui ne correspond plus à ses valeurs : « Lorsqu’on s’entoure de gens qui nous ressemblent et que l’on ose parler, parce que c’est super important, il faut oser parler de notre culpabilité et de ce que l’on ressent, les gens peuvent nous aider à recadrer non seulement nos distorsions cognitives, mais aussi à faire ce ménage. Ils peuvent nous aider à nous demander si une forme d’aide est vraiment un soutien pour nous par des questions comme “Que penses-tu de ce groupe de parents ?” ou “Ce groupe de parents te rejoint-il réellement ?” » ET TOI, QU’EN PENSES-TU ? Lorsque la tension monte chez un autre parent, comment réagir pour ne pas faire partie du problème, éveiller les mécanismes de défense, l’envie de fuir ou, pire, aggraver la situation ? Voilà un des éléments auquel Annie Paquet a été confrontée durant sa vie d’éducatrice. Malgré l’expertise qu’elle possède, elle remarque que, sur ce point, les conseils sur l’écoute active qui lui ont fait tant de bien, comme jeune maman, ne se démodent pas : « Je pense que la pire phrase que j’ai entendue, lorsque je n’avais pas le goût de l’entendre, c’est “Je ne veux pas te dire quoi faire, mais…” À ce moment-là, je me ferme et je ne veux même pas écouter cette personne. Mais tu peux parler et, peut-être, reformuler. Tu peux dire : “Ce que je comprends c’est… que cette journée-là c’était difficile, que tu étais fatigué…, mais penses-tu que… ?” Et faire une rétroaction. Il ne faut pas dire “Tu aurais dû faire cela et cela”, mais plutôt : “Toi, qu’est-ce que tu en penses ? Comment t’es-tu senti ? Qu’est-ce que tu comptes faire la prochaine fois ? » 24 psychologie www.montrealpourenfants.com