Montréal pour Enfants vol. 19 n°6 Hiver 2019 | Page 18

18 psychologie www.montrealpourenfants.com Tracer la voie, avant de prendre la parole Cette entente à maintenir entre les parents ne suppose pas pour autant que le projet « conseil de famille » doive être classé ultra-secret jusqu’à « l’heure H » de la rencontre. Au contraire, une fois décidé qui assistera à la rencontre, et les grandes possibilités à explorer déterminées, Geneviève Mageau suggère de faire preuve de transparence : « Si nous savons qu’il existe un endroit exceptionnel et pas cher pour sortir ensemble, je crois que tout le monde devrait le savoir. Si nous connaissons les limites du budget, on peut déjà annoncer ce qui n’est pas possible. On peut le dire, si aller au parc Disney n’est pas dans nos possibilités. On peut donner les mêmes informations à tous pour qu’ils soient sur le même pied d’égalité dans la discussion. » Annoncer la réunion à tout le monde en même temps, par un petit mémo sur le frigo, par exemple, facilite la quête de bonnes idées un peu plus réfléchie. Cela évite les attitudes purement réactives de membres qui se trouveraient confrontés à une situation inattendue. Par contre, la situation est différente si le but d’une rencontre est de donner l’occasion à tous les enfants d’être informés en même temps, dans un esprit de justice, d’une nouvelle qui affectera tout le groupe, même si la possibilité de choix est alors plus faible, comme l’annonce d’une séparation ou d’un déménagement. À vrai dire, la possibilité de contenu de la forme « conseil de famille » est presque infinie. Il pourrait tout aussi bien être utilisé pour rappeler les règles de la maison ou en évoquer de nouvelles. Mais l’important, insistent les experts, est que les enfants comprennent bien ce que l’on attend d’eux. Et pour envoyer un message cohérent, si une prise de décision commune est annoncée, Geneviève Mageau rappelle qu’il est toujours mieux de commencer par se demander jusqu’où les parents sont prêts à accepter la réaction de l’enfant : « Nous pouvons collaborer pour prendre des décisions pour lesquelles, finalement, il n’y a pas les ressources. C’est la même chose dans la famille : si on dit aux enfants qu’ils vont prendre les décisions et qu'en fait, ce n’est pas eux qui les prennent, ils vont être frustrés aussi. » De belles occasions d’écoute Favoriser l’expression signifie alors, précise cette psychologue, de s’assurer que les opinions des uns ne soient pas invalidées par celles des autres, même si le but de la discussion est d’évaluer les solutions en présence : « Les choses à ne pas faire seraient de donner des faux choix ou d’invalider l’opinion de l’enfant durant le conseil de famille, en disant par exemple : “Bien non, c’est super poche d’aller pêcher”. Pourquoi faire un conseil de famille si c’est pour dire aux enfants que leurs opinions ne peuvent pas être partagées. Il faut reconnaître “Toi, tu aimes pêcher”. C’est difficile de parler autrement à nos frères et sœurs, parfois. » Pour les parents qui se disent prêts au dialogue, voir leurs enfants exprimer ouvertement leur refus de se rendre à ce qui leur semble, en cours de route, la voie du bon sens ou de la majorité, peut amener un petit pincement de déception, surtout s’ils aspiraient encore à en arriver à un consensus.