Montréal pour Enfants vol. 19 n°5 Automne 2019 | Page 16

16 mieux-vivre www.montrealpourenfants.com La peur éduque-t-elle votre enfant ? Par ANIK ROUTHIER > L’Halloween approche et les petits affronteront leurs peurs en croisant dans les rues sorcières, vampires et bien d’autres personnages effrayants. S’il est normal d’éprouver de telles craintes dans la petite enfance, on peut être porté à croire qu’une fois adulte, la peur n’existe plus. En effet, la vue d’une minuscule araignée ou d’un sombre placard, ou même le dessous du lit ne suscitent aucune émotion (si ce n’est qu’un peu de découragement si trop de poussière y règne !). En vieillissant, la peur devient assez sournoise, et elle peut s’immiscer dans votre vie sans s’annoncer. Pire, c’est peut-être elle qui gère votre vie familiale, sans que vous en soyez vraiment conscients. Cet article se veut une occasion de vous positionner face à la peur. Vos décisions parentales sont-elles prises en toute liberté et correspondent-elles à ce que vous souhaitez véritablement pour vos enfants, ou est-ce plutôt la peur qui dirige vos interventions éducatives ? Si cela est le cas, quels en sont les traces au quotidien et les impacts à long terme ? Ne craignez pas de lire la suite, cela pourrait, justement, vous libérer de certaines de vos peurs. Naviguez parmi les exemples les plus communs, mais n’hésitez pas à pousser encore plus loin votre réflexion, pour que vos choix deviennent le fruit de la liberté, et non celui de la peur. LA PEUR DE L’EFFORT Lorsqu’il s’agit de demander à votre enfant de participer aux tâches, de desservir la table, de plier ou de ranger ses vêtements, de ramasser ses jouets, que faites-vous ? Pensez-vous qu’il vaut mieux le laisser tranquille pour qu’il « profite » de son enfance, et faites-vous les choses à sa place ? Avez-vous peur d’exagérer ou que la DPJ vous accuse d’abuser de votre pauvre enfant parce qu’il a effectué 10 minutes de tâches dans une journée ? Craignez-vous que les corvées soient mal exécutées et préférez-vous les accomplir de la « bonne » manière (c’est-à-dire la vôtre !) plutôt que de repasser derrière pour corriger parfois le tir ? Avez- vous peur que votre enfant fasse des erreurs et des gaffes que vous devrez potentiellement réparer ? Quelle que soit la peur qui se cache derrière un parent qui fait tout à la place de son enfant, les résultats risquent d’être les mêmes : la débrouillardise et l’autonomie en prendront pour leur rhume. Une fois adolescent ou adulte, l’enfant qui n’a jamais participé à la vie familiale peut être plutôt ignorant de la manière de faire les choses, ou pire, s’attendre