Montréal pour Enfants vol. 19 n°3 Été 2019 | Page 4

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Le loisir de l ’ ennui …

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L ’ été , les vacances , les congés scolaires … Tout cela tombe à pic après un dur hiver , mais cela s ’ accompagne aussi d ’ un « grave » problème pour les enfants : l ’ ennui ! En effet , tout ce temps maintenant libéré a des conséquences sur le quotidien des petits qui , du jour au lendemain , auront à combattre l ’ ennui ( à moins bien sûr que vous ne les laissiez devant leur tablette ou un quelconque écran toute la journée , mais ça , c ’ est une autre histoire !).
Un parent pensant être bien intentionné pourra , devant le désarroi de son enfant , devenir l ’ outil de divertissement de prédilection de son chérubin . « Maman , papa , viens jouer avec moi ! » Mais bien sûr , quel adulte n ’ est pas hyper enthousiaste de jouer à la poupée ou avec des camions ? Cela dit , moi je ne me fais pas prier pour jouer aux jeux de construction ou aux cartes , mais les jeux de rôles ou de « vroum vroum » ne m ’ emballent pas …
Tout cela pour dire que , si jouer avec votre enfant toute la journée ne constitue pas votre scénario idéal pour décrocher du boulot et vous offrir un moment de détente bien mérité , il existe une autre option : celle de laisser votre enfant se débrouiller pour trouver une activité sans recourir systématiquement à vous .
Cette approche présente un bénéfice non négligeable , car lorsqu ’ on touche le fond de l ’ ennui , on devient , soudainement , plus créatif . Et cette créativité , votre enfant en profitera toute sa vie …
Ainsi , si l ’ ennui apparaît au programme cet été , n ’ oubliez pas que parents et enfant ont des droits et des devoirs qui y sont rattachés :
• Pour les parents : le droit de ne rien faire devant l ’ ennui des enfants , et le devoir de laisser ses enfants s ’ ennuyer .
• Pour l ’ enfant : le droit de chialer quand l ’ ennui se présente , et le devoir de vivre cet ennui et de trouver des manières d ’ y remédier .
En effet , je pense que le droit de chialer devant l ’ ennui ( sans que ce soit nécessairement constamment dans vos oreilles 😉 ) devrait être octroyé à chaque enfant . Comme parent , reconnaissez cependant son émotion , car c ’ est souvent ainsi qu ’ il passera à autre chose : « Je vois que tu ne sais pas quoi faire . Je comprends que tu t ’ ennuies . Je sais que c ’ est plate pour toi , mais je sais aussi que tu peux te trouver une activité toi-même , tu en es capable ! » Se faire lancer : « Ce n ’ est pas grave que tu t ’ ennuies » ne fera que frustrer l ’ enfant davantage , car il ne se sentira pas reconnu dans son émotion . Cela dit , ce n ’ est pas une raison pour qu ’ il vous le dise cinquante fois .
Devant l ’ ennui , laissez votre jeune chercher quoi faire . Vous pourriez , avant que le problème ne se présente , l ’ aider à se constituer une liste d ’ activités possibles , dans une petite boîte contenant des mots ou des images , s ’ il ne sait pas encore lire . Il pourra s ’ y référer . Et si aucune de ces suggestions ne le tente , bien laissez-le tranquillement ne rien faire . Cela n ’ a jamais tué personne . Au pire ( ou au mieux , selon la perspective 😊 ), il ira peut-être se coucher …
Personnellement , je n ’ ai jamais autant dormi que lorsque j ’ ai vécu trois semaines sans mon amoureux combiné à un moment plus calme au boulot , à plusieurs jours de pluie ( moi , c ’ est le plein air et le sport qui me désennuient , je ne suis pas très techno ou télé ) et à une semaine sans enfants ! J ’ en ai tout de même profité pour quelques loisirs créatifs souvent mis de côté … C ’ est « amusant », quand même , car cela m ’ a rappelé ma jeunesse et mes moments d ’ ennui . Ça faisait un bail que je n ’ avais pas eu l ’ occasion de m ’ emmerder ( excusez-moi l ’ expression , mais je l ’ ai vraiment vécu ainsi ), car comme adulte , on est souvent ( toujours ?) trop occupé …
Cependant , les enfants , eux , ont le loisir de ne pas l ’ être autant . Alors , laissez-les simplement s ’ ennuyer ! Ils vous en seront un jour reconnaissants .
Anik Routhier