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Le loisir de l’ ennui …
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L’ été, les vacances, les congés scolaires … Tout cela tombe à pic après un dur hiver, mais cela s’ accompagne aussi d’ un « grave » problème pour les enfants: l’ ennui! En effet, tout ce temps maintenant libéré a des conséquences sur le quotidien des petits qui, du jour au lendemain, auront à combattre l’ ennui( à moins bien sûr que vous ne les laissiez devant leur tablette ou un quelconque écran toute la journée, mais ça, c’ est une autre histoire!).
Un parent pensant être bien intentionné pourra, devant le désarroi de son enfant, devenir l’ outil de divertissement de prédilection de son chérubin. « Maman, papa, viens jouer avec moi! » Mais bien sûr, quel adulte n’ est pas hyper enthousiaste de jouer à la poupée ou avec des camions? Cela dit, moi je ne me fais pas prier pour jouer aux jeux de construction ou aux cartes, mais les jeux de rôles ou de « vroum vroum » ne m’ emballent pas …
Tout cela pour dire que, si jouer avec votre enfant toute la journée ne constitue pas votre scénario idéal pour décrocher du boulot et vous offrir un moment de détente bien mérité, il existe une autre option: celle de laisser votre enfant se débrouiller pour trouver une activité sans recourir systématiquement à vous.
Cette approche présente un bénéfice non négligeable, car lorsqu’ on touche le fond de l’ ennui, on devient, soudainement, plus créatif. Et cette créativité, votre enfant en profitera toute sa vie …
Ainsi, si l’ ennui apparaît au programme cet été, n’ oubliez pas que parents et enfant ont des droits et des devoirs qui y sont rattachés:
• Pour les parents: le droit de ne rien faire devant l’ ennui des enfants, et le devoir de laisser ses enfants s’ ennuyer.
• Pour l’ enfant: le droit de chialer quand l’ ennui se présente, et le devoir de vivre cet ennui et de trouver des manières d’ y remédier.
En effet, je pense que le droit de chialer devant l’ ennui( sans que ce soit nécessairement constamment dans vos oreilles 😉) devrait être octroyé à chaque enfant. Comme parent, reconnaissez cependant son émotion, car c’ est souvent ainsi qu’ il passera à autre chose: « Je vois que tu ne sais pas quoi faire. Je comprends que tu t’ ennuies. Je sais que c’ est plate pour toi, mais je sais aussi que tu peux te trouver une activité toi-même, tu en es capable! » Se faire lancer: « Ce n’ est pas grave que tu t’ ennuies » ne fera que frustrer l’ enfant davantage, car il ne se sentira pas reconnu dans son émotion. Cela dit, ce n’ est pas une raison pour qu’ il vous le dise cinquante fois.
Devant l’ ennui, laissez votre jeune chercher quoi faire. Vous pourriez, avant que le problème ne se présente, l’ aider à se constituer une liste d’ activités possibles, dans une petite boîte contenant des mots ou des images, s’ il ne sait pas encore lire. Il pourra s’ y référer. Et si aucune de ces suggestions ne le tente, bien laissez-le tranquillement ne rien faire. Cela n’ a jamais tué personne. Au pire( ou au mieux, selon la perspective 😊), il ira peut-être se coucher …
Personnellement, je n’ ai jamais autant dormi que lorsque j’ ai vécu trois semaines sans mon amoureux combiné à un moment plus calme au boulot, à plusieurs jours de pluie( moi, c’ est le plein air et le sport qui me désennuient, je ne suis pas très techno ou télé) et à une semaine sans enfants! J’ en ai tout de même profité pour quelques loisirs créatifs souvent mis de côté … C’ est « amusant », quand même, car cela m’ a rappelé ma jeunesse et mes moments d’ ennui. Ça faisait un bail que je n’ avais pas eu l’ occasion de m’ emmerder( excusez-moi l’ expression, mais je l’ ai vraiment vécu ainsi), car comme adulte, on est souvent( toujours?) trop occupé …
Cependant, les enfants, eux, ont le loisir de ne pas l’ être autant. Alors, laissez-les simplement s’ ennuyer! Ils vous en seront un jour reconnaissants.
Anik Routhier