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vie de famille
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Dans ce contexte, les nouveaux parents n’ont
toutefois pas d’autre choix que d’apprendre à
s’adapter à ce qui les attend. Et maintenant que les
grands-mères demeurent souvent sur le marché du
travail, les parents ont moins de chance de retrouver
une maman à proximité ou assez complice pour
venir contribuer aux relevailles, au retour de leur bref
séjour à l’hôpital. La chercheuse en sociologie Valérie
Harvey rappelle aussi que plusieurs parents n’ont
pas non plus eu l’occasion d’apprivoiser la présence
des bébés en jouant les grands frères ou les grandes
sœurs plus tôt dans leur vie : « Ma grand-mère en
avait vu beaucoup, des bébés, lorsqu’elle était toute
petite. Elle avait une bonne idée de la façon dont on
prend soin d’un enfant. »
Audrey Brassard, professeure de psychologie à
l’Université de Sherbrooke, affirme que les parents
qui peuvent encore compter sur un bon réseau de
soutien bénéficient de l’un des premiers facteurs
de protection qu’identifient les chercheurs contre la
déprime post-partum, surtout si les membres de leur
réseau se montrent compréhensifs, les écoutent et
leur apportent quelques petits plats. Voilà pourquoi
la professeure suggère fortement aux jeunes parents
de se créer des réseaux, pour trouver du soutien
à la maison, ou au moins une oreille attentive ou
un moment de répit : « Parfois, cela peut être des
proches, mais aussi des réseaux communautaires. Il
peut y avoir des groupes de soutien, des ressources
en allaitement ou des services de répit qui peuvent
donner une petite pause au couple, pour qu’ils aient
un temps pour se reposer et se retrouver. Cela peut
être aidant. » Elle suggère aussi que la recherche
active d’une bonne gardienne ou d’un bon gardien
d’enfant, à travers son réseau, ne serait-ce que pour
quelques heures, n’est pas à négliger non plus.
Mais Nathalie Bélanger relate que, trop souvent,
au contraire, les visiteurs s’attendent à être traités
aux petits soins ou encore arrivent avec leur lot de
conseils non désirés qui transforment leur présence
en source d’épuisement supplémentaire : « La mère
finit par en avoir assez de la belle-maman toujours
dans la maison qui se mêle de ce qui ne la regarde
pas. Et même ceux qui se présentent à la maison
ne viennent pas pour les bonnes raisons : ils veulent
prendre le bébé et se faire inviter à souper, plutôt
que d’amener des petits plats congelés et faire le
lavage. C’est un envahissement. » Cette intrusion
peut alors agir directement sur la vie de couple, car
à ce moment de sa vie, la jeune maman espère que
son conjoint la protège des influences extérieures,
une pression que le conjoint, lui-même aux prises
avec les nouveaux défis de l’équilibre entre le travail
et la famille, n’est pas toujours disposé à subir.
Les proches qui veulent aider se retrouvent aussi
dans une position délicate, puisqu’ils ne savent plus
toujours ce que l’on attend d’eux. Pour ceux et celles
qui ont l’occasion d’avoir des conseils parentaux,
les tendances fort variables en matière de soin des
nouveau-nés et les nouveaux accessoires font que
ces conseils paraissent à Francis, comme à bien
d’autres parents fréquentant Autour du bébé, peu
cohérents avec leur réalité : « Nos parents ont gardé
une autre école de pensée. À leur époque, les bébés
dormaient sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos.
Le cododo était aussi considéré comme dangereux
dans leur temps. » Les experts incitent les proches
voulant se rendre utiles à faire attention à leurs gestes
pouvant brusquer les valeurs, notamment les bisous
sur la bouche des enfants qui reviennent, paraît-il,
dans les récriminations de plusieurs jeunes parents.
Par ailleurs, la chercheuse et professeure en
psychologie Audrey Brassard, malgré toute
l’importance qu’elle accorde au respect de la liberté
des parents, leur suggère de tenter de reconnaître la
bonne volonté derrière les conseils de leurs proches,
même moins sollicités : « Malheureusement, parfois,
belle-maman a raison et je fais 3 ou 4 fois la même
erreur pour m’en rendre compte. Mais sur le coup,
son conseil m’a énervée. Je peux prendre les
conseils en note et, si je vois que ce que je fais ne
fonctionne plus, un jour, je pourrais l’essayer. De
toute façon, il n’y a pas qu’une seule façon de faire
avec un enfant. »
Par contre, même si les jeunes mères démontrent
une grande peur d’être envahies avant l’arrivée de
leur enfant, Rosalie Chassot, en réalisant sa thèse,
a pu entendre la majorité de celles-ci changer
diamétralement d’idée et témoigner beaucoup de
reconnaissance à leurs proches pour leur soutien,
une fois l’accouchement passé. Un constat qui peut
en rassurer plusieurs, dans la mesure où ils savent
demeurer à l’écoute des besoins de la nouvelle
maman : « Donc, je crois que ce qui est important
pour les grands-mères est de trouver une bonne
place, être suffisamment à distance, de ne pas dire
‟Moi, je sais comment faire et je le ferais comme