Montréal pour Enfants vol. 19 n°2 Printemps 2019 | Page 8

8 vie de famille www.montrealpourenfants.com Dans ce contexte, les nouveaux parents n’ont toutefois pas d’autre choix que d’apprendre à s’adapter à ce qui les attend. Et maintenant que les grands-mères demeurent souvent sur le marché du travail, les parents ont moins de chance de retrouver une maman à proximité ou assez complice pour venir contribuer aux relevailles, au retour de leur bref séjour à l’hôpital. La chercheuse en sociologie Valérie Harvey rappelle aussi que plusieurs parents n’ont pas non plus eu l’occasion d’apprivoiser la présence des bébés en jouant les grands frères ou les grandes sœurs plus tôt dans leur vie : « Ma grand-mère en avait vu beaucoup, des bébés, lorsqu’elle était toute petite. Elle avait une bonne idée de la façon dont on prend soin d’un enfant. » Audrey Brassard, professeure de psychologie à l’Université de Sherbrooke, affirme que les parents qui peuvent encore compter sur un bon réseau de soutien bénéficient de l’un des premiers facteurs de protection qu’identifient les chercheurs contre la déprime post-partum, surtout si les membres de leur réseau se montrent compréhensifs, les écoutent et leur apportent quelques petits plats. Voilà pourquoi la professeure suggère fortement aux jeunes parents de se créer des réseaux, pour trouver du soutien à la maison, ou au moins une oreille attentive ou un moment de répit : « Parfois, cela peut être des proches, mais aussi des réseaux communautaires. Il peut y avoir des groupes de soutien, des ressources en allaitement ou des services de répit qui peuvent donner une petite pause au couple, pour qu’ils aient un temps pour se reposer et se retrouver. Cela peut être aidant.  » Elle suggère aussi que la recherche active d’une bonne gardienne ou d’un bon gardien d’enfant, à travers son réseau, ne serait-ce que pour quelques heures, n’est pas à négliger non plus. Mais Nathalie Bélanger relate que, trop souvent, au contraire, les visiteurs s’attendent à être traités aux petits soins ou encore arrivent avec leur lot de conseils non désirés qui transforment leur présence en source d’épuisement supplémentaire : « La mère finit par en avoir assez de la belle-maman toujours dans la maison qui se mêle de ce qui ne la regarde pas. Et même ceux qui se présentent à la maison ne viennent pas pour les bonnes raisons : ils veulent prendre le bébé et se faire inviter à souper, plutôt que d’amener des petits plats congelés et faire le lavage. C’est un envahissement.  » Cette intrusion peut alors agir directement sur la vie de couple, car à ce moment de sa vie, la jeune maman espère que son conjoint la protège des influences extérieures, une pression que le conjoint, lui-même aux prises avec les nouveaux défis de l’équilibre entre le travail et la famille, n’est pas toujours disposé à subir. Les proches qui veulent aider se retrouvent aussi dans une position délicate, puisqu’ils ne savent plus toujours ce que l’on attend d’eux. Pour ceux et celles qui ont l’occasion d’avoir des conseils parentaux, les tendances fort variables en matière de soin des nouveau-nés et les nouveaux accessoires font que ces conseils paraissent à Francis, comme à bien d’autres parents fréquentant Autour du bébé, peu cohérents avec leur réalité : « Nos parents ont gardé une autre école de pensée. À leur époque, les bébés dormaient sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos. Le cododo était aussi considéré comme dangereux dans leur temps. » Les experts incitent les proches voulant se rendre utiles à faire attention à leurs gestes pouvant brusquer les valeurs, notamment les bisous sur la bouche des enfants qui reviennent, paraît-il, dans les récriminations de plusieurs jeunes parents. Par ailleurs, la chercheuse et professeure en psychologie Audrey Brassard, malgré toute l’importance qu’elle accorde au respect de la liberté des parents, leur suggère de tenter de reconnaître la bonne volonté derrière les conseils de leurs proches, même moins sollicités : « Malheureusement, parfois, belle-maman a raison et je fais 3 ou 4 fois la même erreur pour m’en rendre compte. Mais sur le coup, son conseil m’a énervée. Je peux prendre les conseils en note et, si je vois que ce que je fais ne fonctionne plus, un jour, je pourrais l’essayer. De toute façon, il n’y a pas qu’une seule façon de faire avec un enfant. » Par contre, même si les jeunes mères démontrent une grande peur d’être envahies avant l’arrivée de leur enfant, Rosalie Chassot, en réalisant sa thèse, a pu entendre la majorité de celles-ci changer diamétralement d’idée et témoigner beaucoup de reconnaissance à leurs proches pour leur soutien, une fois l’accouchement passé. Un constat qui peut en rassurer plusieurs, dans la mesure où ils savent demeurer à l’écoute des besoins de la nouvelle maman : « Donc, je crois que ce qui est important pour les grands-mères est de trouver une bonne place, être suffisamment à distance, de ne pas dire ‟Moi, je sais comment faire et je le ferais comme