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vie de famille
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cela”, mais plutôt de soutenir la maman ‟De quoi
as-tu besoin ?”, ‟Qu’est-ce que tu voudrais que je
fasse ?” Il faut se montrer ouverte et laisser venir les
questions, si les jeunes mamans en ont. »
Nathalie Bélanger remarque toutefois que sa clientèle
est à l’affût de conseils d’experts qui ont souvent,
à ses yeux, beaucoup plus de poids que ceux de
l’entourage. Bien que sa clientèle soit majoritairement
féminine, les conjoints font fréquemment appel à
ses compétences de sexologue. Ses fidèles clientes
reprennent aussi ses commentaires à la maison,
notamment concernant le retour à la sexualité :
« Après, ça passe beaucoup mieux. Elles reviennent
en disant ‟J’en ai parlé à mon conjoint et c’était
intéressant. Cela a ouvert la discussion.” En fait, les
papas ont besoin d’un professionnel. Quand c’est
leur blonde qui le leur dit, ils n’écoutent pas ; mais
quand c’est un professionnel, ils écoutent. »
Les parents rencontrés mentionnent également
la compétence et l’effet bénéfique de leur
accompagnante à la naissance ou de leur sage-
femme sur leur dynamique de couple. Par contre,
toutes les expertes qui ont rencontré des parents
en viennent à qualifier la relation de ceux-ci avec les
services médicaux conventionnels de culpabilisante
ou d’expéditive. Le commentaire que rapporte
Rosalie Chassot de ses rencontres avec de jeunes
mères est très représentatif à ce sujet : « Nous, ce que
l’on avait mis en valeur, c’est qu’elles vont à l’hôpital
et qu’à chaque rendez-vous, elles ont un interlocuteur
différent. Elles sont obligées de reprendre leur histoire.
Cela dure un quart d’heure ou trente minutes, pas
plus. Alors elles n’ont pas le temps de dire à quel
point elles peuvent être angoissées pour certaines
choses. Elles ne se sentent pas écoutées. »
Les parents qui fréquentent Autour du bébé semblent
y avoir trouvé un groupe de partage, mais ils sont
également nombreux à mentionner l’importance des
réseaux sociaux dans leur recherche de réconfort.
Les conseils qui y sont prodigués font grincer des
dents quelques-uns des experts, mais les parents
rétorquent que ce sont souvent les questions, plus
que les réponses, qui les intéressent et les aident à
relativiser leurs difficultés. Ce fut notamment le cas
d’Hélène : « Moi, cela m’a aidée, parce que parfois
on se demande comment ça se passe chez les
autres, ce qui est normal. Nous, par exemple, avant
d’avoir un enfant, on ne s’engueulait jamais. Depuis
qu’on a un bébé, tout est prétexte à cela. Aussi, au
niveau de la sexualité, c’est sûr que tu en as moins.
J’ai trouvé des réponses. C’est un groupe fermé,
seulement constitué de mamans ; alors, à partir d’un
moment, tout le monde finit par se connaître, par
Facebook interposé. »
La lumière au bout de l’épuisement
Déjà, en lui-même, l’accouchement constitue une
importante transition qui, en quelques heures,
peut amener de grandes prises de conscience.
Voir le corps produire un si gros effort pour sortir
un bébé peut même brusquer l’imaginaire érotique
de quelques conjoints, à court terme. Mais, de
manière générale, autant les chercheurs que les
parents rencontrés insistent avant tout sur le lien
très fort que ce moment profond a contribué à créer.
Plusieurs mois après son accouchement, Hélène ne
semble pas en avoir oublié une seconde : « Tous
les changements physiques de l’accouchement ont
apporté du positif, d’autant plus que pour nous,
c’était notre premier ; alors le papa ne s’attendait
pas à l’intensité de la chose. Le fait de m’avoir vu
pousser l’a complètement bouleversé. Je pense
que cela transforme aussi l’image que tu as de
ton conjoint ou de ta conjointe, parce que tu te
retrouves soudé : chacun s’arrête l’un à l’autre.
C’est une épreuve physique intense et, dans la vie,
on ne traverse pas vraiment des épreuves physiques
de douleur extrême, à moins de faire des sports
vraiment extrêmes, en tout cas, pas pour la plupart
des gens. Alors c’est une expérience unique. »
Ce moment de proximité est d’autant plus salutaire,
qu’il est généralement suivi d’une grosse période
de fatigue qui risque fort d’émousser la patience
des partenaires l’un envers l’autre. La réaction
hormonale des premières semaines ne facilite pas
non plus le repos des parents comme Stéphanie :
« J’avais tout le temps le goût de pleurer, même
quand j’étais contente. Les premières semaines,
j’étais concentrée sur la famille. Ce n’était pas
des hormones qui donnent envie de faire l’amour !
Quand on saigne ou qu’il y a des points de suture,
tu n’as vraiment pas envie de ça. » Audrey Brassard
conseille aux nouveaux parents, vivant ou non des
difficultés, de prendre des plages de repos, même
le jour, lorsque le sommeil de l’enfant le permet :
« Parfois, les nouveaux parents ne réalisent pas
que lorsque le bébé fait une sieste, le jour, c’est une
bonne occasion pour eux d’en faire une, aussi. »