Montréal pour Enfants vol. 19 n°2 Printemps 2019 | Page 10

10 vie de famille www.montrealpourenfants.com cela”, mais plutôt de soutenir la maman ‟De quoi as-tu besoin ?”, ‟Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ?” Il faut se montrer ouverte et laisser venir les questions, si les jeunes mamans en ont. » Nathalie Bélanger remarque toutefois que sa clientèle est à l’affût de conseils d’experts qui ont souvent, à ses yeux, beaucoup plus de poids que ceux de l’entourage. Bien que sa clientèle soit majoritairement féminine, les conjoints font fréquemment appel à ses compétences de sexologue. Ses fidèles clientes reprennent aussi ses commentaires à la maison, notamment concernant le retour à la sexualité : « Après, ça passe beaucoup mieux. Elles reviennent en disant ‟J’en ai parlé à mon conjoint et c’était intéressant. Cela a ouvert la discussion.” En fait, les papas ont besoin d’un professionnel. Quand c’est leur blonde qui le leur dit, ils n’écoutent pas ; mais quand c’est un professionnel, ils écoutent. » Les parents rencontrés mentionnent également la compétence et l’effet bénéfique de leur accompagnante à la naissance ou de leur sage- femme sur leur dynamique de couple. Par contre, toutes les expertes qui ont rencontré des parents en viennent à qualifier la relation de ceux-ci avec les services médicaux conventionnels de culpabilisante ou d’expéditive. Le commentaire que rapporte Rosalie Chassot de ses rencontres avec de jeunes mères est très représentatif à ce sujet : « Nous, ce que l’on avait mis en valeur, c’est qu’elles vont à l’hôpital et qu’à chaque rendez-vous, elles ont un interlocuteur différent. Elles sont obligées de reprendre leur histoire. Cela dure un quart d’heure ou trente minutes, pas plus. Alors elles n’ont pas le temps de dire à quel point elles peuvent être angoissées pour certaines choses. Elles ne se sentent pas écoutées. » Les parents qui fréquentent Autour du bébé semblent y avoir trouvé un groupe de partage, mais ils sont également nombreux à mentionner l’importance des réseaux sociaux dans leur recherche de réconfort. Les conseils qui y sont prodigués font grincer des dents quelques-uns des experts, mais les parents rétorquent que ce sont souvent les questions, plus que les réponses, qui les intéressent et les aident à relativiser leurs difficultés. Ce fut notamment le cas d’Hélène : « Moi, cela m’a aidée, parce que parfois on se demande comment ça se passe chez les autres, ce qui est normal. Nous, par exemple, avant d’avoir un enfant, on ne s’engueulait jamais. Depuis qu’on a un bébé, tout est prétexte à cela. Aussi, au niveau de la sexualité, c’est sûr que tu en as moins. J’ai trouvé des réponses. C’est un groupe fermé, seulement constitué de mamans ; alors, à partir d’un moment, tout le monde finit par se connaître, par Facebook interposé. » La lumière au bout de l’épuisement Déjà, en lui-même, l’accouchement constitue une importante transition qui, en quelques heures, peut amener de grandes prises de conscience. Voir le corps produire un si gros effort pour sortir un bébé peut même brusquer l’imaginaire érotique de quelques conjoints, à court terme. Mais, de manière générale, autant les chercheurs que les parents rencontrés insistent avant tout sur le lien très fort que ce moment profond a contribué à créer. Plusieurs mois après son accouchement, Hélène ne semble pas en avoir oublié une seconde : « Tous les changements physiques de l’accouchement ont apporté du positif, d’autant plus que pour nous, c’était notre premier ; alors le papa ne s’attendait pas à l’intensité de la chose. Le fait de m’avoir vu pousser l’a complètement bouleversé. Je pense que cela transforme aussi l’image que tu as de ton conjoint ou de ta conjointe, parce que tu te retrouves soudé : chacun s’arrête l’un à l’autre. C’est une épreuve physique intense et, dans la vie, on ne traverse pas vraiment des épreuves physiques de douleur extrême, à moins de faire des sports vraiment extrêmes, en tout cas, pas pour la plupart des gens. Alors c’est une expérience unique. » Ce moment de proximité est d’autant plus salutaire, qu’il est généralement suivi d’une grosse période de fatigue qui risque fort d’émousser la patience des partenaires l’un envers l’autre. La réaction hormonale des premières semaines ne facilite pas non plus le repos des parents comme Stéphanie : « J’avais tout le temps le goût de pleurer, même quand j’étais contente. Les premières semaines, j’étais concentrée sur la famille. Ce n’était pas des hormones qui donnent envie de faire l’amour ! Quand on saigne ou qu’il y a des points de suture, tu n’as vraiment pas envie de ça. » Audrey Brassard conseille aux nouveaux parents, vivant ou non des difficultés, de prendre des plages de repos, même le jour, lorsque le sommeil de l’enfant le permet : « Parfois, les nouveaux parents ne réalisent pas que lorsque le bébé fait une sieste, le jour, c’est une bonne occasion pour eux d’en faire une, aussi. »