Montréal pour Enfants vol. 18 n°5 Automne 2018 | Page 4

4 édito www.montrealpourenfants.com Feriez-vous tout pour votre enfant? > En lisant, parfois, on tombe sur des phrases qui suscitent une sérieuse réflexion. Dernièrement, je suis tombée sur celle- ci  : «  Beaucoup de parents feraient tout pour leur enfant SAUF les laisser être eux-mêmes.  » Personnellement, je ne ferais pas TOUT pour mes filles (je suis leur mère, pas leur esclave! ), mais je me suis demandé, sincèrement, à quel point je les laissais être elles-mêmes. Je me suis aussi demandé, tant qu’à y être, si je laissais mon conjoint être lui-même (mais de cela, je ne parlerai qu’en présence de mon avocat, haha!). Je réalise que même si je semble assez souple à plusieurs égards avec mes enfants, je les laisse vivre surtout parce qu’elles ne s’opposent pas à moi. Quand elles osent être elles-mêmes et que cela va à l’encontre de mes valeurs, je réagis. Par exemple, je vis relativement mal leur manque d’enthousiasme face au sport (puisque je suis très sportive) ou leur trop-plein d’enthousiasme pour les technologies (parce que je passe peu de temps devant les écrans). Je désespère de leur manque d’organisation temporelle (je déteste les affaires de dernière minute!), et je respire à fond quand je vois le désordre qui règne dans leur chambre. J’ai aussi bien de la difficulté avec leurs choix vestimentaires, puisque j’ai maintenant une adolescente accomplie, une adolescente « novice » et bientôt une pré-ado. Devant toutes ces occasions où je peine à laisser mes enfants être elles-mêmes, j’ai le choix entre le lâcher-prise (j’attends toujours la formule magique pour y arriver) ou plutôt l’action constructive. Je pré- fère de loin cette dernière, qui correspond mieux à ma personnalité. J’ai donc trouvé des manières de respecter l’intégrité de ma famille tout en proposant, au mieux, des solutions gagnant-gagnant ou, au pire, des compromis. L’une de mes manières de respecter chacune est la suivante : plutôt que d’acheter à mes filles les vêtements qu’elles veulent en chialant (parce que je les trouve laids!) ou en refusant carrément certains achats, j’ai décidé de les responsabiliser et de les sensibiliser au coût de l’habillement. Donc, je leur fournis un budget annuel (divisé en deux « saisons ») pour qu’elles procèdent à leurs achats. Une fois le budget épuisé, c’est tant pis. Elles doivent donc faire attention à leurs choix. Si elles veulent des marques ou des accessoires plus chers, elles auront moins d’argent pour le reste. Elles demeurent maîtres de leurs achats. En plus de les respecter dans leurs choix, je les habitue à une saine consommation. Et je n’ai plus à m’en faire pour les vêtements (et elles portent vraiment ce qu’elles achètent, puisque c’est leur choix personnel). La solution s’applique aussi aux jeunes enfants (mais en donnant un budget plus petit, qui représentera une portion des achats seule- ment, cette portion pouvant augmenter avec l’âge). Je respecte aussi depuis deux ou trois ans leur besoin de « désordre » en les laissant gérer leur chambre comme elles le veulent jusqu’au jeudi soir. Comme elles quittent la maison le vendredi, je reprends mes droits d’avoir une résidence épurée. Nos besoins sont ainsi mutuellement pris en compte. Pour les technologies et le sport, j’avoue que je suis un peu plus directive, car je les oblige à certaines pauses « sans techno » (samedi et dimanche après- midi) et j’insiste pour qu’elles fassent du sport au moins une fois par semaine (en plus de leur édu- cation physique). Pour le reste, je les laisse vivre… Et, en général, j’observe que l’harmonie et la paix règnent à la maison. Tant mieux! Et vous, comment laissez-vous vos enfants, petits ou grands, être eux-mêmes? Anik Routhier Enseignante en Techniques d’éducation à l’enfance et maman