4 édito
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Feriez-vous
tout pour votre enfant?
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En lisant, parfois, on tombe sur des phrases
qui suscitent une sérieuse réflexion.
Dernièrement, je suis tombée sur celle-
ci : « Beaucoup de parents feraient tout pour
leur enfant SAUF les laisser être eux-mêmes. »
Personnellement, je ne ferais pas TOUT pour mes
filles (je suis leur mère, pas leur esclave! ), mais
je me suis demandé, sincèrement, à quel point
je les laissais être elles-mêmes. Je me suis aussi
demandé, tant qu’à y être, si je laissais mon conjoint
être lui-même (mais de cela, je ne parlerai qu’en
présence de mon avocat, haha!).
Je réalise que même si je semble assez souple à
plusieurs égards avec mes enfants, je les laisse
vivre surtout parce qu’elles ne s’opposent pas à
moi. Quand elles osent être elles-mêmes et que
cela va à l’encontre de mes valeurs, je réagis.
Par exemple, je vis relativement mal leur manque
d’enthousiasme face au sport (puisque je suis très
sportive) ou leur trop-plein d’enthousiasme pour
les technologies (parce que je passe peu de temps
devant les écrans). Je désespère de leur manque
d’organisation temporelle (je déteste les affaires de
dernière minute!), et je respire à fond quand je vois
le désordre qui règne dans leur chambre. J’ai aussi
bien de la difficulté avec leurs choix vestimentaires,
puisque j’ai maintenant une adolescente accomplie,
une adolescente « novice » et bientôt une pré-ado.
Devant toutes ces occasions où je peine à laisser
mes enfants être elles-mêmes, j’ai le choix entre le
lâcher-prise (j’attends toujours la formule magique
pour y arriver) ou plutôt l’action constructive. Je pré-
fère de loin cette dernière, qui correspond mieux à
ma personnalité. J’ai donc trouvé des manières de
respecter l’intégrité de ma famille tout en proposant,
au mieux, des solutions gagnant-gagnant ou, au
pire, des compromis.
L’une de mes manières de respecter chacune est
la suivante : plutôt que d’acheter à mes filles les
vêtements qu’elles veulent en chialant (parce que je
les trouve laids!) ou en refusant carrément certains
achats, j’ai décidé de les responsabiliser et de les
sensibiliser au coût de l’habillement. Donc, je leur
fournis un budget annuel (divisé en deux « saisons »)
pour qu’elles procèdent à leurs achats. Une fois le
budget épuisé, c’est tant pis. Elles doivent donc faire
attention à leurs choix. Si elles veulent des marques
ou des accessoires plus chers, elles auront moins
d’argent pour le reste. Elles demeurent maîtres de
leurs achats. En plus de les respecter dans leurs
choix, je les habitue à une saine consommation. Et
je n’ai plus à m’en faire pour les vêtements (et elles
portent vraiment ce qu’elles achètent, puisque c’est
leur choix personnel). La solution s’applique aussi
aux jeunes enfants (mais en donnant un budget plus
petit, qui représentera une portion des achats seule-
ment, cette portion pouvant augmenter avec l’âge).
Je respecte aussi depuis deux ou trois ans leur
besoin de « désordre » en les laissant gérer leur
chambre comme elles le veulent jusqu’au jeudi
soir. Comme elles quittent la maison le vendredi, je
reprends mes droits d’avoir une résidence épurée.
Nos besoins sont ainsi mutuellement pris en compte.
Pour les technologies et le sport, j’avoue que je suis
un peu plus directive, car je les oblige à certaines
pauses « sans techno » (samedi et dimanche après-
midi) et j’insiste pour qu’elles fassent du sport au
moins une fois par semaine (en plus de leur édu-
cation physique). Pour le reste, je les laisse vivre…
Et, en général, j’observe que l’harmonie et la paix
règnent à la maison. Tant mieux!
Et vous, comment laissez-vous vos enfants, petits
ou grands, être eux-mêmes?
Anik Routhier
Enseignante en Techniques d’éducation à l’enfance et
maman