4 édito
La liberté d ’ être …
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Moi et mon ex , on s ’ entend bien . Probablement beaucoup mieux que lorsqu ’ on était ensemble … Hier , alors qu ’ il ramenait les filles et que nous jasions dans le portique , je lui ai offert un verre de vin , histoire de continuer la discussion .
C ’ était la première fois en huit ans , je crois , que nous prenions le temps de parler assis , simplement , dans ce qui a été notre maison commune pendant plusieurs années . Notre benjamine se baignait et on discutait comme de vieux amis … Cette conversation m ’ a fait réaliser à quel point les gens changent ( surtout quand il m ’ a dit qu ’ il faisait maintenant du yoga !!!), mais ce que j ’ en ai surtout retenu , c ’ est une phrase que mon ex-mari a mentionnée : « Je ne cherche pas à acheter du matériel , je veux acheter de la liberté ! »
Mon ex , encore moins que moi , n ’ a jamais été matérialiste . Il n ’ a jamais eu besoin de grand-chose , et il a toujours fait ce qu ’ il voulait . Bizarrement ( ou peut-être pas , justement ), la vie a toujours été très généreuse avec lui . Cette année , il prendra , malgré un salaire qu ’ on pourrait juger de quasi indécent , une année sabbatique . Il se cherche et aspire à autre chose , au boulot . Malgré tout l ’ argent que lui procurerait le maintien à son emploi actuel , il préfère prendre le temps de se retirer , pour voir plus clair . Il vit sa crise de mi-vie en toute sérénité , avec confiance . Il y a huit ans , c ’ est moi qui ai fait le même saut . Je suis passée d ’ un emploi qui ne convenait pas à celui d ’ enseignante au cégep , ce qui fait mon bonheur au quotidien depuis …
Quand j ’ ai fait la transition , j ’ ai traversé , pendant cinq ou six ans , plusieurs moments d ’ insécurité et d ’ inconfort . Je ne savais jamais , d ’ une session à l ’ autre , si on allait m ’ attribuer suffisamment d ’ heures d ’ enseignement et si j ’ allais devoir m ’ assurer un salaire décent en travaillant deux ou trois soirs par semaine ( car obtenir les cours de jour nécessite une certaine ancienneté ), ce qui n ’ est guère pratique lorsqu ’ on est monoparentale avec des enfants en bas âge . Cela dit , j ’ ai choisi une voie professionnelle que j ’ adore et je ne l ’ ai jamais regretté , même si , lorsque j ’ ai fait le saut , ma situation financière et la qualité de mon horaire hebdomadaire en ont pris pour leur rhume , car je quittais un emploi stable , de jour et très bien rémunéré .
Je me plais à penser que mon ex-mari et moi , par nos gestes , démontrons à nos enfants que nous sommes toujours libres de choisir . Libres de faire ce que l ’ on veut , ce que l ’ on aime … À quoi bon vivre si l ’ on se retrouve dans un carcan qui nous rend malheureux ? Nous avons toujours le choix . Le choix du parcours , le choix de la destination . Ne laissons pas croire à nos enfants que la vie nous est imposée . Ne les laissons pas croire que le travail , le couple ou même la famille sont des prisons dorées . Laissons-les penser que s ’ ils le veulent , ils peuvent sauter à pieds joints dans la vie et en profiter , malgré les craintes et l ’ insécurité qui , somme toute , sont normales à l ’ approche de grands changements . Laissons-les développer la conviction que la vie , s ’ ils osent la vivre librement , le leur revaudra pleinement …
Anik Routhier
Enseignante en Techniques d ’ éducation à l ’ enfance et maman