Montréal pour Enfants vol. 18 n°2 Printemps 2018 | Page 10

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Encore beaucoup d ’ incertitudes
Encore , ne s ’ agit-il là que des éléments qui font maintenant consensus dans la recherche . Et la recherche étant ce qu ’ elle est , il faut toujours que plusieurs données convergent avant qu ’ un domaine admette une réalité comme un fait , surtout pour un produit toxique comme un pesticide , pour lequel il serait hors de question d ’ isoler et d ’ exposer volontairement une population humaine afin d ’ en observer les effets , à fortes ou à faibles doses : « Pour ma part , j ’ essaie d ’ utiliser des modèles d ’ études qui vont somme toute bien mimer ce que l ’ on peut retrouver dans le corps humain . On peut se servir évidemment des modèles in vivo comme des souris ou des rats . Moi je travaillais en modèle cellulaire » mentionne Élyse Caron-Beaudoin , qui insiste sur l ’ importance de combiner ces études à d ’ autres qui démontrent les effets réels sur la population humaine , afin d ’ en tirer des conclusions valables , ou , du moins , reconnues par les décideurs : « Nous allons carrément mesurer chez les gens des composés qui sont reliés à une industrie ou à une autre , des contaminants environnementaux . Cela , c ’ est un autre type d ’ étude . Mais les études épidémiologiques vont regarder la probabilité d ’ avoir tel ou tel problème de santé , par exemple , l ’ incidence de cancers ou de naissances prématurées dans une région donnée et essayer de voir s ’ il y a une association ou une corrélation avec l ’ utilisation de pesticides dans cette région ou la proximité avec une industrie . »
Mais une fois ces faits mesurés , encore faut-il démontrer à partir de quels dosages les populations seront réellement affectées , ce qui n ’ est pas facile , sachant , premièrement , que les agriculteurs conventionnels font habituellement appel à un cocktail de pesticides pour un même aliment , deuxièmement , qu ’ un pesticide se retrouve dans plusieurs produits et , finalement , que les populations étudiées peuvent parfois être touchées par d ’ autres facteurs de vulnérabilité , sociaux ou personnels , difficilement contrôlables : « D ’ habitude , les études se font auprès de gens qui sont assez exposés . Mais nous ne pouvons pas présumer pour autant que la faible dose ne fait pas d ’ effets . Il y a des gens qui sont déjà fragilisés au départ par la génétique ou par d ’ autres facteurs , comme les prématurés » mentionne Larissa Takser .
Alors que ces prudentes conclusions sont longues à tirer , la créativité de l ’ industrie agroalimentaire pour trouver des produits de remplacement à ceux dont la nocivité a enfin été démontrée est rapide , mais les produits de remplacement proposés s ’ avèrent souvent aussi nocifs que leurs prédécesseurs : « Tout le problème est législatif . C ’ est-à-dire que les compagnies pharmaceutiques industrielles ont le droit de synthétiser une substance et de la mettre sur le marché . Il y a quand même des tests de base , mais qui ne sont pas assez sévères selon la communauté scientifique . Donc , elle est en vente et , après quelques années , on se rend compte qu ’ elle est toxique . Alors les gouvernements disent de la retirer , mais ce que l ’ on devrait faire , c ’ est démontrer dès le début qu ’ elle n ’ est pas toxique et ensuite la commercialiser » propose Dave Saint-Amour .
En fin de compte , même ces spécialistes de la santé demeurent partagés quant aux moyens à proposer aux pères et aux mères qui veulent se nourrir de façon à réduire le plus possible les risques reliés à ces contaminants , une fois de retour à la maison . La cuisson ? Une solution aux résultats …