12
santé
www.montrealpourenfants.com
plus que variables : « Le composé va rester le
même ; soit il va être dégradé en autre chose (un
métabolite) durant la cuisson, soit il va être évacué
tel quel, sans se métaboliser dans le corps. Soit ces
métabolites produits vont être moins toxiques et on
va les éliminer, soit on va avoir des effets toxiques
qui vont être similaires ou différents de ceux de la
molécule mère, mais cela va dépendre de chacun
des composés » répond madame Caron-Beaudoin.
Laver, peler ou dégraisser les aliments ? Un certain
consensus existe, dans le cas des viandes et des
poissons, sur le fait que les contaminants seraient
principalement accumulés dans les graisses et la
peau, et donc assez faciles à retirer. Le lavage et le
pelage sont aussi proposés par certains chercheurs,
mais semblent insuffisants à d’autres, dont Élyse
Caron-Beaudoin. « En fait, laver les fruits et légumes,
ça ne change pas grand-chose parce que, ce qu’il
faut comprendre, c’est que quand les gens pensent
aux pesticides, ils ont l’image de l’application au sol,
de la personne tout habillée comme un astronaute
qui va épandre les pesticides dans le champ ou de
l’hydravion qui descend et lance des pesticides.
Cela se fait encore pour certains composés, mais il
y a plusieurs composés qui sont maintenant utilisés
dans ce qu’on appelle les enrobages de semences.
La semence, la graine de fruit ou de légume, est
enrobée d’agents qui vont stimuler la croissance
de la plante et de pesticides. Quand on plante ces
semences-là, elles vont germer et absorber tous
les composés qui sont dans l’espèce d’enveloppe.
Et donc les pesticides vont se retrouver, de façon
systémique, dans toutes les parties de la plante, que
ce soit la tige, les feuilles ou les fruits. »
Le biologique, pour mieux
différencier le bon grain de l’ivraie
Voilà pourquoi, selon tous les chercheurs consultés,
l’alimentation biologique est proposée comme une
solution à envisager, dans la mesure où elle n’impose
pas aux parents un choix trop contraignant entre
les bienfaits des produits certifiés et ceux d’une
alimentation équilibrée et financièrement accessible :
« Au niveau nutritionnel, il n’y a pas de différence :
une carotte traditionnelle ou bio, cela reste une
carotte et une excellente source de bêta-carotène.
Au niveau de l’accumulation des pesticides tout
au long de la vie, on n’a pas vraiment de données
qui compareraient les personnes qui mangent bio
depuis plusieurs années et les autres. Mais ce que
nous savons à partir d’études qui ont fait certaines
analyses sur des thèmes d’aliments bio et non bio :
chez les consommateurs, les concentrations de
pesticides diminuaient lorsqu’ils passaient au bio »
relate Élyse Caron-Beaudoin.
Alain Rioux constate, de son côté, que la certification
biologique gagne en importance à mesure
qu’augmente l’insécurité des consommateurs, qui
y trouvent au moins l’assurance que des normes,
beaucoup plus élevées que les normes minimales
du marché, seront appliquées et validées : « La
grosse différence que l’on peut faire est que le
biologique est certifié par un organisme externe,
alors que toutes les autres allégations qui sont faites
sur les produits sont faites par l’entreprise. Donc,
c’est souvent là que le bât blesse. Les gens disent
que c’est plus biologique, qu’ils font de l’agriculture
raisonnée et mettent moins de pesticides ou
d’engrais chimiques, mais c’est seulement avec le
biologique certifié que c’est vérifié et validé. C’est
beaucoup cet aspect que le consommateur finit par
venir rechercher. »