Montréal pour Enfants vol. 18 n°2 Printemps 2018 | Page 12

12 santé www.montrealpourenfants.com plus que variables  : «  Le composé va rester le même  ; soit il va être dégradé en autre chose (un métabolite) durant la cuisson, soit il va être évacué tel quel, sans se métaboliser dans le corps. Soit ces métabolites produits vont être moins toxiques et on va les éliminer, soit on va avoir des effets toxiques qui vont être similaires ou différents de ceux de la molécule mère, mais cela va dépendre de chacun des composés » répond madame Caron-Beaudoin. Laver, peler ou dégraisser les aliments ? Un certain consensus existe, dans le cas des viandes et des poissons, sur le fait que les contaminants seraient principalement accumulés dans les graisses et la peau, et donc assez faciles à retirer. Le lavage et le pelage sont aussi proposés par certains chercheurs, mais semblent insuffisants à d’autres, dont Élyse Caron-Beaudoin. « En fait, laver les fruits et légumes, ça ne change pas grand-chose parce que, ce qu’il faut comprendre, c’est que quand les gens pensent aux pesticides, ils ont l’image de l’application au sol, de la personne tout habillée comme un astronaute qui va épandre les pesticides dans le champ ou de l’hydravion qui descend et lance des pesticides. Cela se fait encore pour certains composés, mais il y a plusieurs composés qui sont maintenant utilisés dans ce qu’on appelle les enrobages de semences. La semence, la graine de fruit ou de légume, est enrobée d’agents qui vont stimuler la croissance de la plante et de pesticides. Quand on plante ces semences-là, elles vont germer et absorber tous les composés qui sont dans l’espèce d’enveloppe. Et donc les pesticides vont se retrouver, de façon systémique, dans toutes les parties de la plante, que ce soit la tige, les feuilles ou les fruits. » Le biologique, pour mieux différencier le bon grain de l’ivraie Voilà pourquoi, selon tous les chercheurs consultés, l’alimentation biologique est proposée comme une solution à envisager, dans la mesure où elle n’impose pas aux parents un choix trop contraignant entre les bienfaits des produits certifiés et ceux d’une alimentation équilibrée et financièrement accessible : « Au niveau nutritionnel, il n’y a pas de différence : une carotte traditionnelle ou bio, cela reste une carotte et une excellente source de bêta-carotène. Au niveau de l’accumulation des pesticides tout au long de la vie, on n’a pas vraiment de données qui compareraient les personnes qui mangent bio depuis plusieurs années et les autres. Mais ce que nous savons à partir d’études qui ont fait certaines analyses sur des thèmes d’aliments bio et non bio : chez les consommateurs, les concentrations de pesticides diminuaient lorsqu’ils passaient au bio  » relate Élyse Caron-Beaudoin. Alain Rioux constate, de son côté, que la certification biologique gagne en importance à mesure qu’augmente l’insécurité des consommateurs, qui y trouvent au moins l’assurance que des normes, beaucoup plus élevées que les normes minimales du marché, seront appliquées et validées  : «  La grosse différence que l’on peut faire est que le biologique est certifié par un organisme externe, alors que toutes les autres allégations qui sont faites sur les produits sont faites par l’entreprise. Donc, c’est souvent là que le bât blesse. Les gens disent que c’est plus biologique, qu’ils font de l’agriculture raisonnée et mettent moins de pesticides ou d’engrais chimiques, mais c’est seulement avec le biologique certifié que c’est vérifié et validé. C’est beaucoup cet aspect que le consommateur finit par venir rechercher. »