Montréal pour Enfants vol. 17 n°6 Hiver 2017 | Page 46

46 société www.montrealpourenfants.com écoles développent divers moyens, dont le courriel. Ce ne sont plus seulement des rencontres, même si, chaque année, il y a encore des rencontres de parents. » Les messages qui passent directement par la sensibilité provoquent une identification d’autant plus forte qu’ils font souvent partie des premières images qui initient l’enfant à certaines réalités  : «  Charles, qui est animateur spirituel et à la vie communautaire dans des écoles primaires, me disait ce qui est arrivé, lorsqu’il avait parlé, en 1re année du primaire, de prisonniers d’opinion. Ce n’est que deux ans plus tard qu’il est retourné voir le même groupe. Et la première chose que les enfants lui ont demandée a été : “Monsieur Charles, est-ce que Moses a été libéré ?” Et il l’avait été. On essaie toujours, et malheureusement on a l’embarras du choix, de mettre des jeunes dans nos campagnes, premièrement parce qu’ils ont besoin d’aide, deuxièmement parce que la mobilisation peut aider leur situation, et troisièmement parce que c’est évidemment plus facile pour les enfants de s’y identifier » raconte Anne Sainte-Marie. Cette forte identification amène aussi Nancy Doyon à inciter les professeurs et autres intervenants qu’elle forme à beaucoup de vigilance et à éviter de se centrer sur les aspects dramatiques. Quand un enfant suit un programme sur l’intimidation, l’objectif est de sensibiliser les intimidateurs potentiels. Mais quand on lui montre un enfant qui subit de l’intimidation, qui dit dans son témoignage que, à la suite de l’intimidation, il a vécu une période dépressive, il a vécu de l’anxiété et même pensé au suicide, l’enfant qui est dans la classe et qui manque de nuances, qui s e sent intimidé, à tort ou à raison, peut regarder le modèle qu’on lui présente et se demander “Si cet enfant-là a subi de l’intimidation comme moi, et que cet enfant a pensé au suicide, moi, est-ce que je serais censé penser au suicide ?” » D’ailleurs il va de soi, pour les différentes organisations, que certaines confrontations à la réalité doivent être réservées aux étudiants du secondaire, voire du collégial ou de l’université. Ainsi, à Amnistie internationale, on essaie de préparer les intervenants de terrain à répondre, si on leur pose une question sur la torture, la peine de mort ou les agressions sexuelles, mais ces sujets ne sont pas abordés directement et, heureusement, assure Anne Sainte-Marie, les enfants manifestent généralement une attitude beaucoup moins voyeuse que les adultes, devant ce genre de crimes. Chez David Suzuki et Équiterre, on dit s’orienter davantage vers les solutions ou, du moins, ajoute Louise Hénault-Éthier, éviter les prédictions reposant sur des données plus abstraites, qui pourraient alarmer des imaginations trop fertiles : « Si on dit à l’enfant que le climat de la Terre est en train de changer et de se réchauffer parce que l’on a brûlé trop de pétrole avec les voitures, que les gaz émis dans l’air retiennent la chaleur des rayons du soleil, on peut lui expliquer cela de façon rationnelle et lui faire comprendre que le climat est en train de changer avec des images