Des mots qui font du bien
Au Québec, la promotion de la lecture chez les enfants
en bas âge vise souvent à prévenir les troubles de lan-
gage ou d’apprentissage. Il n’en reste pas moins que
de nombreux psychologues, dont Nathalie Couture,
auteure de plusieurs livres pratiques pour enfants
orientés vers des problématiques ciblées (anxiété,
timidité, séparation parentale), considèrent que le livre
et la littérature en général peuvent aussi donner un
bon coup de pouce aux enfants en ce qui a trait à la
gestion de leurs émotions et même de leurs rapports
sociaux. Selon madame Couture, « Le fait d’être en
contact très tôt avec les livres peut aider sur le plan
du développement du langage de l’enfant, parce que
tous ces petits livres parlent aussi des émotions, ils
aident à apprendre à se connaître. Il y a des livres
comme Monsieur colère, Monsieur ci, Monsieur ça.
Cela les aide déjà à comprendre des concepts sur le
plan de l’estime de soi. Et on sait déjà que le déve-
loppement du langage, sur le plan cognitif, aide à
se connaître, à pouvoir s’exprimer clairement. Plus
un enfant va avoir des capacités langagières, plus il
va être capable d’introspection, de se projeter dans
l’avenir, de faire des déductions et des inférences.
Alors il est certain que cela peut aider dans son déve-
loppement général. Si on ressent des émotions et que
l’on n’est pas capable de mettre des mots dessus, on
reste pris avec. Il y a des enfants qui arrivent à dire :
“Je suis en colère par ce que tel ami m’a pris mon
jouet.” On peut alors lui montrer plus rapidement à
aller voir l’ami pour lui dire “C’est mon jouet, j’aimerais
que tu me le redonnes.” »
Et même si, à la base, l’enfant doit s’initier à plu-
sieurs mots inconnus, les experts qui travaillent avec
les enfants d’âge préscolaire et les préadolescents,
qui ont pris l’habitude d’ouvrir des livres durant leurs
séances, sentent que ces enfants sont souvent
plus à l’écoute du rythme, de la poésie des mots.
Ils accèdent aussi plus facilement aux ressources
imaginaires que les autres enfants qui perdent cette
capacité vers 7 ans, lorsqu’ils maîtrisent mieux des
concepts plus abstraits : « Lui, le monde magique,
il y croit ou il veut y croire. Donc, on peut d’autant
plus s’en servir pour l’amener à cheminer. Les adultes
vont être plus réticents. Ils vont dire “Ça ne se peut
pas”. Leurs côtés concret et rationnel vont parfois
prendre le dessus et il devient impossible de les
amener dans ce monde qui peut s’avérer très utile
pour cheminer. Il faut donc faire preuve de flexibilité
et lâcher-prise. Il suffit de se laisser aller pour trouver
des solutions dans le but de changer. L’enfant va le
faire plus facilement que l’adulte. Les enfants sont
encore en développement, en construction, donc,