chacune de nos réparties suscite
en eux de nouveaux arguments. En
utilisant sans cesse la même phrase
neutre, vous tuez dans l’œuf les
possibilités de prolonger la conver-
sation, et vous n’avez plus à trouver
vous-même d’autres suggestions
ou à jouer à l’avocat. C’est beau-
coup moins exigeant, croyez-moi.
Évidemment, vous devrez tenir votre
bout, et vraisemblablement, cela
vous paraîtra difficile au début, car
les enfants ont une ténacité à toute
épreuve, mais vous y arriverez avec
un peu de pratique et beaucoup de
constance. Personnellement, j’ai
eu énormément recours au disque
rayé quand les filles étaient petites,
et maintenant cela m’est presque
devenu inutile, car mes enfants ont
compris, grâce à ça, que lorsque je
dis non, c’est non. Je peux donc me
limiter à ce simple mot et ne recevoir
aucune remarque en retour.
La réflexion…
Il faut dire qu’en parallèle à l’usage
du non, je me donne aussi toujours
la possibilité de réfléchir avant de
répondre à une question. Ainsi, si
je dis NON, c’est le résultat d’un
véritable processus décisionnel, et
mes enfants en sont très conscients.
Une autre de mes phrases fétiches
est donc, tout simplement : « Je
réfléchis. » J’ai le réflexe de ne jamais
répondre immédiatement aux ques-
tions. Si mes enfants me font une
demande et que le moindre doute
émerge à mon esprit, irrémédiable-
ment, j’annonce que je réfléchis (et
j’utilise la même technique lorsque
j’enseigne). Si je prévois cogiter plus
de quelques secondes, j’indique
carrément à l’enfant concerné le
laps de temps dont j’aurais besoin
pour en venir à une conclusion (5
minutes, 1 heure, 2 jours…). Je lui
donne aussi la responsabilité de
revenir me voir à ce moment-là, ce
qui laisse transparaître l’importance
de sa demande pour lui, car si ce
n’est pas essentiel, je sais que je
n’en entendrai plus jamais parler.
Les spéciaux…
Vous me direz que je suis assez
intransigeante dans mes interac-
tions et que la souplesse (ou l’envie
de ne pas être cohérente parfois)
existe. Je suis bien d’accord ! C’est
pourquoi il y a une autre phrase
que j’affectionne particulièrement :
« C’est un spécial ! » Mes enfants,
même s’ils savent que je n’ai pas de
difficulté à dire non, demeurent tout
de même des êtres d’espoir. Aussi,
il leur arrive de tenter d’obtenir des
choses pour lesquelles ils essuient
généralement un refus calme, mais
sans équivoque. Mon cœur de mère,
de temps à autre, a envie de déroger
aux règles. Dans ces moments,
j’opte pour ce genre de discours :
— Maman, je veux (toute chose
généralement proscrite)…
— Je réfléchis…
Quelques secondes plus tard :
— OK, je veux bien, mais c’est un
spécial. Et tu sais ce que cela veut
dire un spécial ? (regard perçant,
droit dans les yeux de l’enfant, avec
un air solennel)
— Oui, ça veut dire que c’est juste
pour maintenant.
— Parfait, et qu’est-ce qui va arriver
si jamais tu me le redemandes
demain ou dans un avenir proche
(à préciser selon vos envies et votre
tolérance) ? Il n’y aura plus jamais
de spécial ! As-tu bien compris ? (air
sérieux, ton sans équivoque)
— Oui !
— Parfait, alors tu as ton spécial
aujourd’hui, mais je ne veux plus que