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LES OTAGES DU RAIL « A la guerre, comme à la guerre ! » Pour briser l’ennemi, tous les moyens sont bons, tous les coups sont permis. Livrer bataille à ses troupes, saboter son économie, casser sa logistique sont des actes de résistance qui déstabilisent l’adversaire et le désorientent. Nos moudjahidines avaient compris l’efficacité de telles opérations et ils ne s’en étaient pas privés. La destruction de la voie ferrée était une cible de choix car elle entravait le transport des troupes, des armes et des marchandises. La surveiller sur toute sa longueur était une tâche impossible pour l’autorité de l’époque car elle s’allongeait sur des centaines de kilomètres et il était par conséquent relativement facile aux moudjahidine de faire dérailler les trains en sabotant la voie à l’aide de fortes charges explosives. Les charges utilisées qu’ils avaient placées étaient si puissantes que les rails d’acier en étaient tordus. La remise en état de la voie durait plusieurs jours et coûtait très cher. C’est alors que les « stratèges » de l’armée coloniale eurent une idée fumante : utiliser des boucliers humains ! Espérant ainsi faire cesser les actes de sabotage, ils choisissaient parmi la population civile des otages triés parmi les personnes les plus connues et les plus estimées du village, ils les entassaient sur un wa- gon-remorque sans toit, et ils accrochaient ce wagon au-devant de la locomotive. Ainsi, ils pensaient que ces hommes constitueraient des boucliers humains et qu’ils seraient les premières victimes en cas d’attentat. Non seulement ces otages du rail étaient des personnes qui jouissaient d’une grande considération parmi les villageois mais ils étaient soupçonnées par les ser- vices français d’avoir des sympathies, voire des relations avec les moudjahidine. Entassés sur la remorque alourdie avec du gravier, ils voyageaient à longueur de journée d’un terminus à l’autre sous un soleil de plomb en été et dans la brise glaciale en hiver. Il est inutile de préciser qu’ils étaient en proie à la faim et à la soif ! Après plusieurs jours de ce voyage forcé, à bout de forces, ils étaient remplacés par d’autres plus « frais », comme des chevaux de relais. Mais, à la grande surprise des génies du colonialisme, ce manège honteux n’a pas fonctionné et n’a pas empêché les trains de dérailler avec fracas et dégâts, simplement parce que les mines déposées sous les rails étaient actionnés par un système de télé- commande et explosaient au moment voulu. 16