Modèle de développement des athlètes 2021-2025 | Page 128

Mais la recherche ne portait pas sur un participant « standard » Elle réunissait un groupe spécifique de jeunes joueurs de tennis , garçons et filles , tous issus d ’ un environnement similaire mixte de Suède , un pays connu pour sa politique égalitaire envers les sexes .
Les réponses au questionnaire ont révélé une grande similitude dans les choix populaires des joueurs compétitifs et des joueuses compétitives . Alors pourquoi le nombre de participations aux tournois des filles est-il beaucoup plus faible que celui des garçons et pourquoi ce nombre diminue-t-il plus rapidement ?
Lors des championnats nationaux suédois en salle de 2017 , la différence de participation était plus qu ’ évidente . Chez les moins de 14 ans , les tableaux de tirage étaient composés de 207 garçons et de 121 filles - une différence de plus de 71 % en faveur des garçons . Chez les moins de 16 ans , les garçons étaient encore plus nombreux que les filles : 178 garçons et 102 filles . Une différence de 74 %. De plus , selon les données de l ’ université de Linnea , le nombre de participants chez les 16 ans était inférieur de 17 % à celui des 14 ans .
Ces chiffres mettent en lumière que même si les principales réponses au questionnaire sont similaires chez les garçons et les filles , le tennis féminin de compétition n ’ attire pas tout à fait les filles – elles aspirent peut-être à une autre destinée ?
Le père du champion de Wimbledon Goran Ivanisevic , Serdjan , dans une entrevue accordée à l ’ auteur en 2000 , raconte sa propre expérience : « Pendant 50 ans , dans mon club à Split , j ’ ai observé le jeu et le comportement des jeunes joueuses . Les filles sont plus sensibles . Je suis convaincu et j ’ ai toujours dit que le tennis n ’ est pas un sport de filles , car le tennis est un combat . Ce n ’ est pas un contact , c ’ est un combat . C ’ est aussi une lutte mentale . La nature féminine est différente . Les filles ne sont pas destinées à se battre les unes contre les autres . Il est dans la nature de l ’ homme de se battre , de gagner , de conquérir , mais les femmes ne sont pas des agresseurs physiques par nature . Au tennis , pour réussir , la joueuse doit avoir une solide personnalité et recevoir beaucoup de soutien de la part de ses parents dès le début ».
Cette opinion rejoint un peu l ’ avis de Robert Deaner , qui suggère que la moins grande compétitivité des filles n ’ est pas le résultat d ’ une participation moins importante au sport , mais découle de leur moindre intérêt pour la compétitivité en général . Ses recherches ont démontré que ce sont surtout les athlètes de sexe masculin , et non de sexe féminin , qui favorisent la compétition et la réussite . Ce sont là leur motivation pour faire du sport ( Deaner , 2016 ).
Booth et Deaner divergent d ’ opinion sur le sujet , d ’ un point de vue théorique et d ’ un point de vue pratique . Mais ils sont d ’ accord pour chercher les raisons du faible taux de participation des filles aux compétitions . Des réponses satisfaisantes pourraient aider à éliminer cette fâcheuse tendance .
Les auteurs Booth et Deaner ont des opinions divergentes sur le sujet mais proposent d ’ examiner plus attentivement la question : pourquoi le nombre de joueuses de compétition est faible si on le compare à celui des joueurs ? Trouver des réponses à cette question pourrait éviter que ces tendances se poursuivent .
Butcher et al . ( 2002 ) ont regardé de plus près les raisons de l ’ abandon d ’ un sport par les femmes . Leur recherche , qui s ’ est étendue sur plus de dix ans , a révélé que les femmes , beaucoup plus que les hommes , doutaient de leurs qualités et de leurs capacités et subissaient beaucoup de pression afin de bien performer .
Il faudrait chercher sous quel autre angle , nous pouvons observer le phénomène à l ’ aide des données sur l ’ entraînement et la compétition .
Le questionnaire « Me and my tennis » a dévoilé qu ’ en plus de préférer jouer des points en simple ( 12 votes des garçons et 11 des filles ), les joueuses ont privilégié , à parts égales , le travail sur la technique ( 11 votes ). Comme on le sait , le travail technique au tennis est un exercice de coopération entre l ’ entraîneur et le joueur . Les discussions et les encouragements sont parties intégrantes de l ’ entraînement . Là où la compétition est inexistante .
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