MDT | Page 62

Culture Pour cette 15ème édition, la Biennale d’architecture de Venise se veut résolument moderne et engagée. Et pour cause, Alejandro Aravena, architecte « social » fraîchement lauréat du fameux prix Pritzker, entend bouleverser les codes par son thème « En direct du front ». Il s’agit pour les 88 participants de repenser l’architecture comme solution aux problèmes majeurs du XXIème siècle tels que la criminalité, la ségrégation, les inégalités, la migration, l’accès aux moyens d’assainissement, la pollution, les catastrophes naturelles, la pénurie de logements, etc. Exit l’architecture purement esthétique symbolisée par Frank Gehry et Daniel Libesking, cette nouvelle édition de la Biennale promeut une architecture utile et fonctionnelle. Les visiteurs ont ainsi pu découvrir quantité de projets ingénieux et humanistes, en phase avec les diverses préoccupations mondiales. Parmi les différentes propositions des participants, le projet « Unfinished » porté par les architectes Iñaqui Carnicero et Carlos Quintáns (pavillon espagnol), a retenu l’attention du jury et s’est vu récompensé du Lion d’or de la meilleure participation nationale. Fort de 67 projets et réalisations, ce programme présente des éléments de réponse à la crise financière que subit de plein fouet l’Espagne depuis 2008. La réappropriation des espaces et des chantiers abandonnés est au cœur de la proposition du pavillon espagnol, comme l’illustre la 64 restauration de l’église de Corbera d’Ebre par Ferran Vizoso, Núria Bordas, Jordi Garriga et David Garcia. Le pavillon du Pérou (à égalité avec le pavillon du Japon) a quant à lui obtenu la mention spéciale de la meilleure participation nationale pour son projet « Our amazon frontline ». Jean Pierre Crousse et Sandra Barclay, architectes péruviens à l’origine de cette création, apportent un nouveau regard sur la préservation de la forêt amazonienne, centré sur l’éducation des communautés laissées pour compte. Pour cela, les deux participants suggèrent la construction de dizaines d’écoles modulables (en préfabriqué ou démontables) dans la forêt amazonienne. Pour illustrer les conditions précaires des élèves de cette région, le pavillon péruvien expose quelques chaises et pupitres abimés suspendus en l’air. 1. Mention Spéciale pour le projet « Our Amazon frontline » du Pavillon péruvien ©Andrea Avezzù