Tentations
Pouvez vous nous parlez de votre parcours :
Comme vous le savez, Ibrahim Màtouss est un
pseudonyme, ce n'est pas mon vrai nom.
Cette expérience dure depuis presque 7 ans et il n'y
a que quelques personnes qui le savent et qui ont
gardé le secret.
Pour la plupart des expos auxquelles j'ai participé,
j'y envoie les travaux par un ami ou un transporteur,
je ne m'y montre jamais.
Le début de l’utilisation de ce pseudo date de 2008.
J’ai commencé à travailler avec les restes -si je peux
dire- de mon matériel puisque pendant plus d’une
année, je n’ai ni peint ni gravé. J’étais -dans un
sens- bloqué, alors j'ai recommencé sous pseudo à
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gribouiller, tacher, coller, décoller la toile, puis, je suis
passé à brûler, gratter, cramer le bois.
Apoplexie B. (une critique et chercheuse en théorie
de l’art et qui écrit sous pseudo aussi), le dit bien : «
Ibrahim Màtouss est un pseudonyme qui a été créé
à partir des méandres plastiques de l’artiste. »
Ma rencontre avec Philippe Xerri (ROCK THE KASBAH)
styliste et designer a été très importante car il a cru
en cette expérience, en cette expérimentation de
la matière, en ce questionnement perpétuel par
rapport à cette pratique picturale.
Philippe m’a acheté mes deux premiers travaux que
j’exposais dans le concept store d'amis à la Soukra
et de là a commencé ma collaboration avec lui.
C’est à partir de fin de 2010 que quelques galeristes
ont commencé à s'intéresser à mon travail, tels
que Mahmoud Chalbi puis Aicha Gorgi. Dans la
galerie de cette dernière j’ai participé à plusieurs
expositions collectives et j’ai présenté mon
premier show solo « HRIGUA ». Je suis aussi l’un des
membres fondateurs du collectif POLITIQUES qui a
présenté des expositions au CNAV de tunis en 2012
et 2013 et à la galerie Talmart à Paris…
Parlez nous de votre démarche artistique :
Voici un texte d’APOPLEXIE B. qui peut parler de ma
démarche mieux que moi :
Chez Ibrahim, l’œuvre est dialogue ; la peinture
est parole. Ses personnages créent une béance
vers une « réalité » en perce. « Des visages des
figures, des figures et des visages » ; des strates de
papiers collés, des colles fumées, superpositions de
matières, arrachement de matériaux... Le support
et les « autres » s’embrasent donnant lieu à une
rencontre chair à chair...
L’action du feu, de la gouge font « tenir en place
» les sujets, dans une espèce de malaise ambiant,
poignant ! L’intime se narre... l’écart s’égare.
« Il s’approprie les couleurs et l’espace en créant
un néo espace limite impénétrable et pourtant si
familier », mettant en exergue une certaine latence
défiant cadrage et contours marqués. Voir, se voir et
donner à voir…
Parlez nous de votre dernière exposition :
BURNING DAY est une suite ou plutôt un
aboutisseme nt d’un travail de 4 ans, ça a commencé
avec les travaux que j’ai présentés à Politiques 1 au
CANV. L’exposition Hrigua vient pour consolider
cette démarche et se pose comme le nerf de guerre
de mon parcours. Suite à cette première exposition
personnelle, il y a eu plusieurs participations en
collectif, comme une suite logique à ma démarche.
Burning Day est venue, comme pour couronner ou
pour clore un cycle, et peut-être pour annoncer
avec quelques œuvres le nouveau tournant que
prendra mon travail futur, et par sa thématique
et par sa technique. On remarque d’une manière
claire les tons neutres et uniformisés des fonds
des tableaux, la sobriété des collages qui se font
rares par rapport à Hrigua, comme pour unifier
l’ensemble, et pour ramasser les cendres, comme
pour achever une étape.
Pour cet évènement j’ai invité les deux artistes
Intissar Belaid et Maher Hbib Gnaoui dans une
collaboration intéressante à mon sens, dans la
mesure ou chaque artiste travaille d’une manière
individuelle et libre. Mais la synergie a fait que d’une
manière ou d’une autre, l’ensemble des travaux
est d’une cohérence inédite, d’ailleurs on perçoit
facilement le fil conducteur entre les différentes
œuvres présentées à Burning Day.
Au niveau de la présentation également, les travaux
sont mêlés d’une manière subtile sans que le travail
de l’un n’interfère négativement sur celui de l’autre.
Votre prochaine actualité :
Sincèrement je n’ai rien en perspective pour le
moment, seulement de mettre Ibrahim de côté
pour une période indéterminée. C’est une période
de germe, où de nouvelles idée peuvent naître, où
de nouvelles techniques sont en vue, mais je laisse
mûrir tout ceci à côté pour le moment.
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L'héritier du trôn
Duel
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Weld Leila El Guebssia