Art de vivre
N
otre
visite
commence
par
la
monumentale entrée principale composée
d’une «driba», grand vestibule voûté, et d’une
«skifa», couloir en chicane, qui protège l’intimité de la
maison. La skifa débouche sur le patio principal, cœur
de la maison. Précisons que l’espace du Palais Bayram
se répartit sur deux niveaux, un rez-de-chaussée et
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un étage accessible de l’intérieur, pour une superficie
totale de 1400 m2.
Le patio où nous séjournons un beau moment
distribue quatre suites en T, dites «chambres à kbou»,
comportant deux «maksouras» (cabinets fermés par
une porte) de part et d’autre d’une alcôve centrale
qui sert de salon (agrémenté de banquettes arabes,
de canapés ou d’un sofa ottoman). Les ailes sont
occupées par des lits à baldaquins («sedda») et
frontons, qu’on ferme la nuit avec des rideaux. Ces
pièces sont richement décorées: plafonds peints à
caissons, stucs à arabesques sculptés dans la masse
en haut des murs, panneaux de faïences «zelliges»
à motifs tunisois, ottomans ou italiens, dallages de
marbres blancs, veinés ou polychromes.
Deux galeries («iwan») latérales, supportées par des
colonnes à chapiteaux ottomans, couronnées d’arcs
à décors de stucs et de plafonds à solives, délimitent
l’espace carré du patio central, qui ouvre sur le ciel.
Sublime!
«Cette présence alternée, au cœur de la maison, de la
lumière et de la nuit, des astres, des saisons et des oiseaux
qui passent, permet de renouer avec la dimension
“cosmique” des civilisations méditerranéennes. Pour
la conserver, les cours et patios sont restés ouverts.»
Jacques Revault
L’escalier principal conduit à ce qui était considéré
comme les pièces nobles. Elles forment 4 suites dont
3 peuvent être réunies. Le «beit-hajjam» (ou «salon
du coiffeur») en est l’espace emblématique, où les
maîtres de maison recevaient leurs invités de marque.
Un kiosque, attribut de certaines résidences de style
ottoman, surplombe l’étage. Il est coiffé d’une coupole
dont les tuiles vernissées font écho à celles des grandes
Medersas historiques du quartier. L’escalier donne aussi
un accès direct aux terrasses qui offrent un panorama
imprenable sur la Medina et constituent un lieu de
méditation hors pair.
quasi archéologique plutôt qu’une œuvre de génie civil
contemporain.
La fonction hôtelière ayant été créée par le groupe
Knowledge, l’insertion de cet établissement touristique
privé dans un environnement urbain fragile aura aussi
pour vocation de contribuer à la réhabilitation du
cadre de vie des populations défavorisées du quartier.
Le tout nouvel hôtel patrimonial prestigieux de
Tunisie
Doté de 17 suites, le Palais Bayram est la première unité
hôtelière développée en Tunisie par «The Knowledge
Hotels & Resorts Group».
Abderraouf Tebourbi, président fondateur du groupe
«Knowledge Hotel Management», a pris en gestion
le Palais Bayram. Composé uniquement de suites,
de deux restaurants, dont un gastronomique, d’une
maison de thé, d’un hammam et d’un spa, le Palais
Bayram s’apprête à renaître avec la vocation d’un
petit hôtel de luxe riche d’histoire et de traditions. Il
positionne «Knowledge Hotels Group» comme une
marque de prestige qui s’inscrit dans les performances
du tourisme haut de gamme.
Restituer le cadre d’un art de vivre urbain
achevé
En 2005, le Palais Bayram, comme une grande partie de
la Médina historique, n’est pas en bon état et menace
de s’effondrer. La première urgence était de stabiliser la
structure du bâtiment, qui avait commencé à s’ouvrir
sur toute sa hauteur. Il faudra deux années d’efforts,
avec un résultat qui a, heureusement, comblé toutes
les espérances.
Lancées le 12 novembre 2007, après un an de
préparation, les opérations de rénovation s’achèvent
en 2014.
L’objectif premier était de rénover l’ensemble du Palais
Bayram pour lui redonner lustre et élégance comme «Il sera l’offre hôtelière la plus prestigieuse et la plus
au XVIIe siècle. La philosophie du projet impliquait chère de Tunisie.» Abderraouf Tebourbi
de préserver les volumes traditionnels. L’utilisation
des matériaux d’origine et, autant que faire se peut, le
Page de gauche
recours aux méthodes traditionnelles de construction,
- Belle Salle à Manger dans l'entrée monumentale, composée d’une
encore connues d’une élite de bons artisans, était
« DRIBA », grand vestibule voûté.
une nécessité. Une concertation constante avec les
Page de droite
entreprises et l’implication personnelle des ouvriers
Cours et patios ouverts. Circulation de lumière et d'air par des
dans la restauration a duré six ans. Sans cet échange
techniques écologiques, murs en pisé. Fontaine élégante accédant
de disciplines, rien n’aurait pu aboutir: une restauration
au puits.