ChRONIQUES
MAgMA MAgAzInE n°100 • nOVEMbRE/dÉCEMbRE 2015
CD
CD
yVES JaMaIT
NOÏzaMaN
JE ME SOUVIEnS…
ORI
Wagram music
Autoprod
Combien de tubes compte cet album ? Trois, quatre... (Le Temps
emporte tout, Je me souviens, J’en veux encore, Accordéon...) Et combien de morceaux ciselés à la perfection ?
Combien de styles, de références et d’époques parcourues ?
Yves Jamait nous déroute en nous dévoilant l’étendue de
son univers en 13 titres. des textes d’une beauté simple et
réaliste, assis sur deux siècles, des 400 coups à la téléréalité, héritiers des plus belles heures de la chanson française.
Jamait embrasse toute son Histoire, de Fréhel à Pigalle en
passant par Mono Solo, Ferré ou Lavilliers. Lucide et sans
niaiserie, Jamait se livre avec humanité et parle des siens,
des absents, des partis aussi… et mêle avec un goût assuré texte et orchestration, naviguant du jazz manouche au
classique en passant par le swing, le folk rock ou par le souffle de l’accordéon splendide du grand Marcel Azzola, oui, le
célèbre accordéoniste de brel ! Jamait confirme sur cet album qu’il est LA valeur montante du genre mais aussi son
émancipation car à lui seul il réunit tous ses courants. des
g
albums comme celui là… j’en veux encore !
Casque bien arrimé sur la tête, ceintures bouclées, les premières paroles nous parviennent et le voyage initiatique peut
alors démarrer à travers la poussière d’étoiles (Stardust). Oui,
cet album est davantage construit comme une démarche
spirituelle, quasi religieuse (Ancient Scripture) glanant, là la
musique electro hindi dub, ici la pensée hindou-bouddhisteanimiste, plus loin sa liturgie, ses codes et partout la transe,
que comme une vulgaire galette pour party-bang ! Plus on
avance sur les pistes, plus le mysticisme est présent créant
un lien direct entre la matière sonore et le divin. non, vous
n’entrez pas dans une secte mais méfiez vous tout de même
car vous n’en ressortirez pas indemne et Yogini’z Transmission,
le morceau le plus érotique de l’album, vous fera glisser
suavement dans les bras de sirènes indiennes. Ce dix titres
(plus un, comme un appel subliminal, un dernier chant) vous
fouille, vous colle au cerveau comme à la recherche de
g
l’Homme-Chaman qui sommeille en vous !
Jérôme gaillard
Jérôme gaillard
CD
CD
LES hURLEMENTS
D’LEO
ROTOR MaChINE
CHAnTEnT MAnO SOLO
Epileptic Prod
EgOS IVRES
IRFAn, le Label
Les HdL revisitent Mano Solo accompagnés de la fine fleur
de la chanson engagée ou festive, du punk et du rock français ou franco-méditerranéen ! Tous ont répondu présents à
l’appel pour ce digne hommage. Loin du tour de chant mièvre, ici, c’est Mano mais aussi l’énergie du rock alternatif qui
domine, parce que rendre hommage à ce garçon c’est bien
sûr faire un retour sur son parcours musical des Chihuahuas
aux Frères Misères… C’est aussi évoquer une époque parisienne
à jamais gravée dans ses chansons et s’adresser aux âmes qui
ont perdu leur ambassadeur, celui qui parlait de cette maladie
dont on ne voulait rien entendre. Mais Mano, c’est aussi une
liberté de ton, une grande humanité et un farouche opposant
à l’extrême droite et en cela ce groupement d’artistes, d’horizons divers, lui ressemble fort et pisse solennellement et bien
haut sur les couleurs du parti à la flamme (et pas que...) ! Mano
Solo n’est pas mort, non, sa musique, ses mots et ses idées
ont trouvé foyer chez ses frères saltimbanques. Les Hurlements d’Mano c’est Francesca Solleville, les Sales Majestés,
la Cafetera Roja, Romain Humeau, zebda, Pierre Lebas, Les
Ogres de barback, baylon Circus, Melissmell, debout sur le
zinc, Les naufragés, gab’j, bertrand Cantat, nilda Fernandez,
g
Matu, Wallace, Tomas, Mell et… les Hurlements d’Léo !
Entre un dominique A et un bashung, Rotor Machine creuse
son sillon dans la (belle) chanson à texte. Avec un grain de
voix plutôt intéressant, nicolas Foucrier (textes, guitare et
chant…), la voix du duo, nous dévoile un répertoire à la poésie délicate. Egos ivres s’engage sur un superbe titre qui
pourrait bien emmener cette formation pour une grande
balade sur la route des salles de concert de l’hexagone : Le
Tigre ! Les pépites s’enchaînent et se suivent naturellement
comme une évidence sur la quasi totalité de l’album. L’autre
bonne surprise, c’est l’autre moitié du Rotor Machine : bruno
Marrande aux cordes (guitare, basse contrebasse, banjo et
mandoline) qui a officié chez les Shred’ (Shredded Hermines)
et qui a continué sa route chez blankass, Michiko 66 ou ponctuellement chez dick Rivers , à l’image d’un autre neversois.
Mais les compères n’en restent pas là et briquent et font
reluire ce disque en invitant un certain benjamin Flament
(cf. interview p. 8/9) aux claviers et aux percus mais aussi l’équipe des dick beavers, doris noël de Michiko 66 et Pierre Luzy
de Music Unit pour le mastering ! Egos ivres sera l’une des
g
perles inattendues de cet automne.
Jérôme gaillard
Jérôme gaillard
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