Magazine Rebel Hiver 2023 V4-N2 Novembre 2023 | Page 72

santé

Le détatouage : retour vers le passé

PAR DANIEL DESLAURIERS
Le tatouage a la cote depuis plusieurs années et ça s ’ adresse aux jeunes comme aux moins jeunes . Signe des temps , c ’ est le détatouage qui gagne maintenant en intérêt auprès de ceux qui , trop vite parfois , ont fait graver un symbole , un nom ou une simple phrase qu ’ ils ne désirent plus voir sur leur corps . En effet , cet engouement pour le tatouage a fait naître son opposé : le détatouage .
« C ’ est l ’ avancement de la technologie , avec toutes les possibilités artistiques qu ’ elle offre aujourd ’ hui , qui a rendu le tatouage si populaire ces dernières décennies », selon Chantal Dumont . Julie Levert et Chantal Dumont , deux professionnelles de la santé et des services sociaux , l ’ ont compris en ouvrant , il y a trois ans , la Clinique Méduse logée dans les locaux d ’ une clinique médicale de Saint-Jérôme . « On était en pleine COVID . Les gens recherchaient une forme d ’ évasion à l ’ isolement , je suppose . Certains font ça sur un coup de tête , mais la plupart , c ’ est pour exprimer qui ils sont et trouver leur identité propre . Chacun a sa personnalité et ses propres thématiques . Les options sont à l ’ infini », dit-elle .
Retour vers le passé Près d ’ une personne tatouée sur cinq décide de revenir en arrière . « Sur ce nombre , seulement 30 % de nos clients acceptent un nouveau tatouage après l ’ intervention . Les autres décident de passer à autre chose . C ’ est souvent le cas pour les gens qui veulent effacer à tout jamais le nom d ’ un ancien amoureux ou l ’ emplacement physique de cette marque . Par contre , ceux qui le font , c ’ est pour repartir avec quelque chose qui leur ressemble un peu plus aujourd ’ hui », souligne Mme Dumont .
Le tatouage et le détatouage appartiennent à une clientèle spécifique . On pense souvent que le tatouage est l ’ affaire des jeunes , Détrompez-vous , la moyenne des clients en détatouage de la Clinique Méduse a entre 40 et 55 ans avec des moyens financiers plus élevés , bien sûr , que les plus jeunes , selon la copropriétaire de la clinique . « Il y a parfois des gens plus âgés , dans la soixantaine et même plus vieux , qui ont recours à nos services . Chez nous , nous ne faisons pas de tatouages comme d ’ autres entreprises qui offrent les deux services . Nous laissons ça aux artistes . De fait , nous aimons le côté médical lié à cette pratique . C ’ est un peu notre première vocation et c ’ est pour ça que les conditions sécuritaires sont au premier plan chez nous . »
Douleurs assurées Que tous les tatoués de ce monde se fassent à l ’ idée : subir un détatouage n ’ est pas une mince affaire . « Assurément , c ’ est plus douloureux qu ’ un simple tatouage et plus coûteux aussi . Attention , pour ceux qui sont plus sensibles au niveau du fessier , c ’ est à cet endroit que c ’ est le plus douloureux . Pour le dos , par contre , de même que pour les épaules et les cuisses , les choses se passent mieux . Une chose demeure : certaines zones du corps mettent plus de temps à guérir . »
Les divorcés du tatouage acceptent mal parfois leur séparation avec ce petit souvenir incrusté dans leur peau . « Aucun de nos clients n ’ a jamais perdu connaissance , au moment du détatouage , parce qu ’ ils avaient déjà vécu l ’ expérience du tatouage . Quand même , dans les cas les plus extrêmes , on a vu certaines personnes vomir littéralement . Les raisons sont difficiles à expliquer . Peut-être la nervosité ou l ’ abandon d ’ un vieux souvenir incrusté bien profondément dans leur mémoire personnelle . »
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