Magazine Rebel Hiver 2022 | Page 59

Mais , en 2012 , il se laissait tenter par le Québec avec , à l ’ esprit , une philosophie bien arrêtée .

« J ’ ai dit : on va oublier tout ce qui existait avant . On va étudier et on va recommencer ( notre vie ) ».
Nous n ’ avons jamais eu de problèmes avec les gens . Nous n ’ avons jamais été inquiets . Dans notre pays , quelqu ’ un qui ne parle pas le russe , c ’ est compliqué . Ici , les gens ont été patients avec nous

On le comprendra bien , la barrière de la langue représentait un défi que le couple et les deux enfants ( plus facilement , selon la mère ) auront réussi à surmonter .
Pour une , Elena , après des débuts d ’ initiation au français via des cours , décrocha un emploi de préposée aux bénéficiaires auprès d ’ aînés .
« Au début , je ne comprenais pas bien le français . Mais ( avec les cours de francisation et ) en travaillant avec les patients , j ’ ai commencé à me débrouiller . Les gens âgés étaient gentils avec moi ».
Après trois ans de cours à Montréal et à Québec , elle a obtenu son diplôme d ’ infirmière et œuvre aujourd ’ hui dans une résidence de personnes âgées sur le boulevard Gouin à Montréal , non loin de l ’ Hôpital du Sacré-Coeur .
Le chemin d ’ Evgeny a été un peu plus tortueux . Parallèlement à des cours de francisation , il a cherché un emploi d ’ installateur de portes et fenêtres ( métier qu ’ il exerçait en Russie ), mais la recherche a été vaine . Il décida alors d ’ amorcer un cours intensif d ’ infirmier au Collège Bois-de-Boulogne pour arriver à la conclusion , après un certain moment , que « infirmier , ce n ’ est pas pour moi . Je suis plus technicien qu ’ infirmier . Si bien qu ’ en 2014 , j ’ ai décidé de travailler à mon compte dans l ’ installation de portes et fenêtres . J ’ ai acheté un camion et des outils . J ’ ai beaucoup de travail depuis . Aujourd ’ hui , j ’ ai quatre camions et 20 employés . Je ne fais plus , personnellement , d ’ installation comme tel . Je suis sous-traitant pour quatre compagnies de portes et fenêtres ».
Bien au Québec Installé au Québec depuis 10 ans , le couple Korovin ne songe pas à retourner en Russie un jour , même si les parents d ’ Evgeny sont encore vivants ( tous deux médecins à la retraite ) et qu ’ il y compte également un frère , alors que la mère d ’ Elena est décédée depuis un certain temps déjà , mais elle y retrouve un frère et une sœur .
« Nous sommes bien heureux ici . Nous avons acheté une belle maison … » dit-elle , ajoutant qu ’ un retour en Russie imposerait également que son jeune fils doive y faire son service militaire .
Evgeny et Elena au cours d ’ un événement au Québec .
Il faut aussi dire que l ’ accueil des Québécois à leur endroit y fait pour beaucoup au niveau de l ’ attachement .
« Nous n ’ avons jamais eu de problèmes avec les gens . Nous n ’ avons jamais été inquiets . Dans notre pays , quelqu ’ un qui ne parle pas le russe , c ’ est compliqué . Ici , les gens ont été patients avec nous ( au niveau de l ’ apprentissage du français ). Leur tolérance a été pour nous une grosse surprise » souligne Elena , reconnaissante . u