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ÉDITORIAL
Prendre le temps
P
Il y a 30 ans de cela, quand j’ouvrais
mon premier salon, rue des Serruriers,
à Strasbourg, j’avais beau me projeter
vers l’avenir, mais jamais je n’aurais
imaginé pareille entreprise. Je partais avec des
convictions profondes sur la coiffure, l’accueil,
la détente et le bien-être. Je me sentais porté par
la présence des gens qui m’entouraient, lesquels
m’ont permis de les affirmer dans un monde
en pleine mutation.
Aujourd’hui, 30 ans après, je mesure le chemin
déjà parcouru et je suis en mesure d’isoler la
raison véritable qui a fait que le groupe a pu
se développer ainsi : la passion du métier au
service de la clientèle et de la beauté . L’ADN
du groupe, je l’ai construit avec mes précieux
collaborateurs sur la base d’un constat
essentiel : la créativité nous permet d’avancer.
C’est le cas notamment dans un monde en proie
à l’uniformisation. À la seule condition d’une
constante émulation créative, une passion
sincère peut être maintenue intacte.
Je constate, 30 ans après l’ouverture de mon
premier salon que les faits m’ont donné raison.
Bon nombre de jeunes gens qui ont débuté
dans le métier chez moi sont devenus non
seulement des coiffeurs aguerris, mais aussi par
la suite d’excellents managers. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’ils se sentent impliqués au
sein du groupe : ils participent à l’élaboration
des collections, de même pour les shows,
les films et les trainings, et mieux que cela,
ils apportent une contribution importante à
l’élaboration de la stratégie du groupe.
J’ai la ferme conviction que la vie d’une
entreprise, et qui plus est d’un groupe comme
le nôtre, ne se crée pas par le haut – même si
l’impulsion vient de la direction – mais grâce
à l’adhésion de tous sur la base d’un projet
commun, concerté et nourri ensemble. C’est le
gage d’une vraie réussite et d’un développement
sur du long terme. Pour cela bien sûr, il faut
se montrer en capacité de fédérer mais aussi
et surtout d’alimenter la flamme intérieure
de chacun.
C’est pourquoi je crois tant à l’échange et au
partage, tout comme je crois à la transmission,
gages non seulement de réussite professionnelle,
mais gage aussi de réussite dans nos vies
personnelles. L’évolution de la société à l’échelle
planétaire nous désapprend à prendre le temps
de s’attacher à l’autre, quel qu’il soit. Il nous
faut réapprendre cela. C’est avec cette même
flamme qui brille dans le regard – celle qu’on a
tous au début de nos parcours professionnels –,
avec cette lumière dans les yeux, que j’aimerais
poursuivre cette aventure, le plus longuement
possible avec vous. Rendez-vous dans 30 ans !
Je vous souhaite une belle lecture,
Yannick Kraemer